Rhône: L214 dénonce les pratiques d'un abattoir du Beaujolais, une plainte déposée

L'association de défense des animaux L214 publie une enquête dénonçant les pratiques de l'abattoir Rhône Ouest, situé dans le Beaujolais à Saint-Romain-de-Popey (Rhône). Documents à l'appui, les militants expliquent qu'"il est établi que, depuis plusieurs années, l'activité de cet abattoir se poursuit en violation manifeste des règles de protection animale, de sécurité sanitaire et de sécurité des salariés".
L214 a porté plainte "pour sévices graves et mauvais traitements" contre la coopérative SECAT qui gère l'abattoir et la communauté d'agglomération de l'ouest rhodanien (COR), qui détient le site, selon la plainte qu'a pu consulter BFM Lyon.
"Nous avons reçu la plainte ce jour. Une enquête sera ouverte auprès des services de la gendarmerie dès que nous aurons fini de l’analyser", indique le parquet de Vilefranche-sur-Saône.
La préfecture annonce des contrôles
L'association demande par ailleurs à la préfecture la fermeture immédiate de l'exploitation. Ayant pris connaissance des éléments présentés par L214 avant leur publication, la préfecture a réagi ce mercredi 29 janvier.
Les services de la préfecture précisent dans un communiqué que le directeur de la Direction départementale de la protection des populations (DDPP) du Rhône, en charge du suivi de type d'exploitations, va "se rendre dès ce jeudi matin dans l’établissement afin d’évaluer la situation et la nécessité de mettre en œuvre des mesures correctives".
Par ailleurs, "dès le début de la semaine, une inspection approfondie des conditions d'abattage sera effectuée par le référent national des abattoirs" et "des conclusions seront rendues la semaine prochaine", précise la préfecture, qui assure toutefois que l'exploitation "fait l’objet d'un contrôle permanent" de la DDPP.
Nombreuses vidéos
L'association a réuni de multiples vidéos enregistrées en octobre et novembre 2024 ainsi qu'en janvier 2025, qui montre "des animaux égorgés conscients malgré l’étourdissement préalable, des vaches décapitées encore vivantes, des moutons et cochons qui voient leurs congénères se faire tuer, des animaux brutalisés lors du déchargement ou pour être dirigés vers la saignée".
"Les nombreux et graves dysfonctionnements entraînent des souffrances supplémentaires pour ces vaches, cochons et moutons, et une panique palpable chez un certain nombre d'entre eux", dénoncent les militants.
Autant de documents qui permettent, selon L214, de prouver les nombreux manquements de l'abattoir aux obligations réglementaires.
"L'exploitant et son propriétaire sont parfaitement conscients" des manquements sur l'exploitation, dénonce l'association qui cite notamment le dossier de demande de modernisation réalisé en 2022.
Dans ce dossier, la communauté d'agglomération expliquait en effet que "l'absence du projet (de travaux) induirait la poursuite de l'exploitation d'un outil vieillissant répondant difficilement aux normes de bien-être animal, de sécurité au travail et aux exigences sanitaires", reconnaissant elle-même des manquements.
Auprès de BFM Lyon, la COR explique ne pas avoir encore avoir eu connaissance des vidéos de L214 et rappelle que les travaux en cours visent à "disposer d’un équipement moderne pour d’une part, favoriser le bien-être animal ainsi que les conditions de travail des employés".
3.200 tonnes produites
L'abattoir de Saint-Romain-de-Popey produit chaque année 3.200 tonnes de viande bovine, ovine et porcine par an et fait depuis septembre 2024 l'objet de travaux afin d'augmenter de 1.300 tonnes ses capacités de production annuelle, avec une enveloppe de huit millions d'euros, selon le journal local Le Pays.
Il fournit à ce jour la cantine scolaire du département du Rhône, les écoles de Saint-Romain-de-Popey et de Saint-Bel. À l'issue des travaux qui devraient durer jusqu'en 2026, il était également qu'il fournisse les collèges et lycées de la métropole de Lyon.
L'abattoir propose par ailleurs sa viande à des boucheries locales et en ventes directe chez les éleveurs, mais aussi pour des circuits Label rouge et bio du Beaujolais.
L214, une association habituée des enquêtes choc
L'association L214 milite depuis plusieurs années pour l'amélioration des conditions de traitement des animaux dans les exploitations agroalimentaires et les abattoirs. Elle publie régulièrement des enquêtes incluant des images de pratique jugées illicites et lance en conséquence des actions en justice contre les reponsables de ces exploitations. Par le passé, certaines de ses enquêtes ont visé des sites en Savoie ou encore en Saône-et-Loire.
Les militants mènent par ailleurs des actions de sensibilisation auprès des entreprises et des consommateurs en faveur de modes de production et de consommation éthique en ce qui concerne les produits issus de l'exploitation animale. L'association promeut aussi l'alimentation végétarienne et les pratiques véganes.