BFM Lyon
Lyon

Auvergne-Rhône-Alpes: Laurent Wauquiez promeut sa charte sur la laïcité, l'opposition s'inquiète

placeholder video
La majorité soumet ce jeudi au vote un texte engagé contre l'islamisme. Les partis de gauche estiment que le président de la région flirte avec les idées de l'extrême droite.

Les débats s'annoncent houleux dans l'hémicycle de la région Auvergne-Rhône-Alpes. Voilà plusieurs jours que la polémique enfle entre la majorité pilotée par la droite et l'opposition de gauche. Le nœud de la discorde? Le vote d'une "Charte pour la défense des valeurs de la France et de la laïcité", dont le texte doit être soumis au vote ce jeudi.

Dans ce texte, composé de 23 articles, Laurent Wauquiez alerte sur la "progression" du communautarisme et estime que la région doit promouvoir les valeurs de la France et ses symboles, comme l'hymne national et le drapeau tricolore.

Autre élément qui se détache de cette charte: le président du Conseil régional appelle à lutter contre les endoctrinements portant atteinte aux libertés individuelles, et tout particulièrement l'islamisme.

Soutien appuyé aux chrétiens d'Orient

"La région défend la liberté des femmes, notamment celle de pouvoir circuler librement dans l’espace public et de ne pas se faire imposer des choix en matière vestimentaire", peut-on encore lire dans le texte, référence assez nette à la question du port du voile dans l'espace public.

La majorité apporte aussi un soutien clair aux chrétiens d’Orient, dont certains subissent des persécutions, en contradiction avec le principe de laïcité qu'elle défend pourtant.

Europe Écologie Les Verts, le Parti socialiste, le Parti communiste, le Parti radical de gauche: par l'intermédiaire d'un communiqué, l'opposition a unanimement brocardé cette charte, qu'elle perçoit comme la preuve d'un acoquinement de la droite avec les idées de l'extrême droite.

Un texte "probablement illégal"

"C'est un texte qui sera probablement illégal, pronostique Fabienne Grébert, conseillère régionale écologiste, auprès de BFM Lyon. Le préfet ne devrait pas laisser passer un texte comme ça. Il y a déjà un contrat d'engagement républicain qui est inscrit dans la loi par l'État. Laurent Wauquiez ne peut pas contenter uniquement d'être un président de région. Il se croit obligé de réécrire la loi et de définir la laïcité à sa sauce", fustige-t-elle, estimant que le président de la région se positionne sur des sujets qui ne sont pas de son ressort.

"On n'est pas en train d'adopter une loi régionale, rétorque Nicolas Daragon, vice-président de la région, délégué aux finances. On est en train d'adopter un rappel des règles et un règlement qui s'imposera à toutes celles et tous ceux qui travaillent avec nous."

Dans une autre délibération présentée au Conseil régional ce jeudi, l'exécutif prévoit de conditionner le versement de ses subventions aux associations respectueuses d'un "contrat d'engagement républicain", lequel implique en particulier d'interdire "le port de tenues vestimentaires à caractère religieux dans un établissement public".

"Cynisme dangereux"

"Si on ne s'inscrit pas dans ces principes, si on ne les respecte pas, on s'exposera à ce que la région dise: 'Vous ne respectez pas les règles que nous demandons d'appliquer à ceux qui nous sollicitent pour les soutenir financièrement ou matériellement, donc nous ne vous soutenons plus'", étaye Nicolas Daragon.

Fabienne Grébert pointe du doigt ce "contrat d'engagement républicain". "Dans le cadre de cette charte, si un équipement public est financé par la région, une femme voilée ne pourra pas venir voir son enfant jouer au foot ou participer à une activité sportive. C'est ça qui est très condamnable", soutient-elle.

Et Nicolas Daragon de rétorquer: "La langue française, l'égalité femme-homme, la laïcité, la liberté, l'égalité, respecter le droit des femmes à disposer de leur corps et à s'habiller comme elles le souhaitent: voilà exactement ce qui est dans ce texte, jure-t-il. Je ne sais pas ce qui est d'extrême droite là-dedans".

Dominantes dans le discours des candidats les plus à droite dans la course à l'Élysée, les questions relatives à l'identité et à la religion trouvent donc une émanation régionale. L'opposition y voit une preuve du "cynisme dangereux" dont ferait preuve Laurent Wauquiez.

Mélanie Ferreira avec Florian Bouhot