Auvergne-Rhône-Alpes: bataille de chiffres autour de la politique culturelle de Laurent Wauquiez

Laurent Wauquiez en 2019. - JEAN-PIERRE CLATOT / AFP
Accusée par les élus écologistes d'avoir donné des chiffres "faux" sur le budget régional alloué à la culture, la région Auvergne-Rhône-Alpes présidée par le LR Laurent Wauquiez les a taxés "d'escroquerie intellectuelle", mardi, en maintenant ses données budgétaires.
Dans un entretien au JDD dimanche, Laurent Wauquiez avait affirmé que quand il avait pris la région à la gauche fin 2015, "le budget de la culture était de 59 millions d'euros" et "aujourd'hui de 77 millions".
"Soit 30% d'augmentation par rapport à 2015", insiste mardi la région dans un communiqué intitulé "chiffres officiels de l'action culturelle" et accompagné de différents tableaux reprenant les comptes administratifs 2015 et 2022.
L'opposition régionale écologiste avait assuré lundi que ces chiffres étaient faux, en mettant en avant le budget prévisionnel pour les activités culturelles et artistiques, en baisse de 53,7 millions d'euros en 2015 à 42,9 millions d'euros en 2023. Soit "une baisse de 19% des subventions de fonctionnement aux acteurs culturels depuis 2015", selon le communiqué accompagné d'un tableau.
"Les élus écologistes ont choisi par pure idéologie de gommer le budget attribué au patrimoine", qui est, lui, passé de 5,68 millions d'euros en 2015 à 23,07 millions d'euros en 2022, s'indigne en réponse la région.
Plusieurs mois de polémique
La région et l'opposition écologiste divergent aussi sur le nombre de structures touchées par les baisses de subventions, la première invoquant les subventions votées mi-mai, les seconds arrivant à environ plus de 120, en incluant des coupes décidées en 2021.
La suppression de la subvention annuelle au Théâtre Nouvelle Génération officiellement justifiée par "le mépris du directeur du TNG" et ses "propos sincèrement à la limite de l'insulte" vis-à-vis du président Wauquiez a suscité ces dernières semaines une pluie de critiques.
La "mesure punitive" visant son théâtre a conduit 200 personnalités du monde culturel, dont quatre anciens ministres de la Culture (Roselyne Bachelot, Jean-Jacques Aillagon, Aurélie Filipetti et Philippe Douste-Blazy) à signer une tribune dans le Monde, suivis par une deuxième tribune publiée par 200 élus dans Télérama. L'actuelle ministre de la Culture Rima Abdul-Malak a elle-même pointé la "brutalité de la méthode" sur France 2.
M. Wauquiez avait justifié ces "rééquilibrages" en critiquant dans le JDD une "culture à deux vitesses" avantageant Paris, la Région Île-de-France et "quelques métropoles". Les aides du ministère de la Culture qu'il a citées dans le JDD lui ont valu un correctif rapide de la présidente LR de la région Ile-de-France Valérie Pécresse, qui a précisé sur Twitter "Fatale erreur: l'Ile-de-France n'est pas Paris !"