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Macron, Lecornu, absence de gouvernement... Comment l'instabilité politique pourrait faire grimper nos taux d'emprunt immobilier (qui ont déjà remonté en septembre)

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La période d'incertitude politique et budgétaire pèse sur les taux de la dette française. Or une hausse des taux d'emprunt d'État peut à son tour se répercuter sur les taux des crédits immobiliers.

Les Premiers ministres se succèdent et à chaque nouveau remaniement au sommet de l'État, la question de l'effet de l'instabilité politique sur le marché immobilier se pose. La démission de Sébastien Lecornu lundi 6 octobre pourrait-elle engendrer une hausse des taux des crédits immobiliers et venir gripper la reprise?

Pour comprendre, il faut savoir que l'instabilité politique peut avoir une influence sur les marchés, notamment celui des obligations (la dette française). Ainsi, après l'annonce de la démission de Sébastien Lecornu, l'OAT 10 ans (le taux auquel la France emprunte à 10 ans) a pris 7 points de base pour frôler les 3,60%.

Mais quel rapport avec les taux des crédits immobiliers? Les banques se servent souvent (mais pas toujours) de cet indicateur pour fixer les taux des crédits immobiliers.

"La démission du gouvernement n'avait pas été anticipée donc les marchés ont réagi vivement, mais il faudra encore attendre pour savoir si cela aura un impact sur les taux immobiliers", explique Sandrine Allonier, porte-parole du courtier Vousfinancer.

Les banques n'auront pas d'autre choix?

"L'évolution des taux dépendra de combien de temps le président met pour nommer un nouveau gouvernement et surtout du délai qui sera nécessaire pour adopter un nouveau budget", poursuit la spécialiste.

"Si les taux d'emprunt d'État restent à un niveau élevé durablement, alors les banques n'auront pas d'autre choix que de répercuter cette hausse sur les taux immobiliers."

Fin août, lors de l'annonce du vote de confiance (qui allait conduire à la chute de François Bayrou), l'OAT 10 ans était monté à 3,54% (contre 3,20% au début de l'année 2025) avant de refluer légèrement.

En août et septembre, les taux immobiliers ont eux-aussi légèrement augmenté. "Mais ce n'est pas lié seulement à l'instabilité politique, c'était aussi la fin de baisse des taux de la BCE", explique Sandrine Allonier.

"En tout cas, les banques avaient fait en sorte de limiter au maximum les hausses."

Un impact limité sur un marché immobilier en pleine reprise

Mais la situation pourrait être différente aujourd'hui. Ainsi en octobre, les taux moyens sont en légère hausse à 3,10 % sur 15 ans, 3,30 % sur 20 ans et 3,50 % sur 25 ans.

"Le problème, c'est que la situation aujourd'hui, c'est un pas en avant, deux pas en arrière. C'est la succession de chocs politiques qui risque de peser", avance Sandrine Allonier.

D'après ses projections, en cas de situation défavorable et durable, le taux d'emprunt sur 20 ans pourrait atteindre 3,50% voire 3,60% en fin d'année.

Néanmoins, l'impact sur le marché immobilier devrait rester limité. Déjà parce qu'une hausse de 10 points de base correspond seulement à 10 euros de mensualité supplémentaires pour un crédit de 200.000 euros sur 20 ans, selon Sandrine Allonier.

Ensuite parce que la reprise immobilière résiste bien. "C'est un marché qui montre sa résilience, il redémarre fortement, malgré l'instabilité politique et in fine, ceux qui veulent acheter pour se loger le font", conclut-t-elle.

Marine Cardot