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Mauvaise nouvelle pour les acquéreurs: les taux des crédits immobiliers pourraient remonter à cause de l'instabilité politique

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Une éventuelle chute du gouvernement et l'instabilité politique qui en découlerait pourraient accélérer la hausse des taux d'emprunt d'État, notamment de l'OAT 10 ans, sur lequel les banques peuvent se baser pour fixer les taux des crédits immobiliers.

La fenêtre de tir se rétrécit pour les acheteurs. Les taux immobiliers se sont stabilisés au mois d'août après des mois de recul, suivant le rythme de la Banque centrale européenne (BCE) qui a décidé de laisser ses taux inchangés en juillet. En effet, aucune banque n'a baissé ses taux immobiliers en août, une première depuis fin 2023, permettant de penser qu'un plancher a été atteint. Quelques-unes ont même augmenté leurs taux de crédit, de 0,05 ou 0,10%. Mais alors cette hausse pourrait-elle se poursuivre notamment dans un contexte d'instabilité politique?

François Bayrou a annoncé qu'il se soumettrait à un vote de confiance des députés le 8 septembre. Dans la foulée, les partis d'opposition ont annoncé qu'ils voteraient contre. Si ce choix se confirme, le gouvernement pourrait tomber.

L'instabilité politique pourrait entraîner une hausse des taux d'emprunt d'État

Or, cette instabilité politique pourrait se répercuter sur les taux d'emprunts d'État. L'OAT 10 ans (le taux auquel la France emprunte à 10 ans) , déjà en hausse, pourrait encore grimper. Il s'établissait mardi 27 août à 3,54%, contre 3,20% au début de l'année 2025. Or les banques se servent souvent (mais pas toujours) de cet indicateur pour fixer les taux des crédits immobiliers.

"En juillet et août, l'OAT a déjà subi des hausses, notamment à cause des incertitudes liées aux droits de douane, mais il pourrait encore augmenter à cause de l'instabilité politique", explique Sandrine Allonnier, porte-parole du courtier Vousfinancer. Mais attention, la répercussion d'une hausse de l'OAT sur les taux immobiliers n'est pas automatique.

"Lors de la dissolution et des élections de 2024, les banques avaient largement absorbé les hausses des taux d'emprunt d'État car elles étaient en phase de reprise et avaient besoin de prêter", nuance Sandrine Allonnier.

Des hausses anticipées de 0,10 à 0,20 point

Mais aujourd'hui, la situation est bien différente. Le marché immobilier et la production de crédits ont connu, grâce notamment à la baisse des taux de la BCE, une forte reprise. La production de crédits immobiliers a augmenté de 47% fin juin sur un an, passant de 47 à 69 milliards, selon les chiffres de la Banque de France.

"Lors de la dissolution en 2024, les banques n'avaient pas encore atteint leurs objectifs annuels, elles avaient besoin de prêter. Cette fois, elles vont largement les atteindre et pourraient donc augmenter leurs taux", décrypte Sandrine Allonnier.

La spécialiste anticipe des hausses de 0,10 à 0,20 point ce qui amènerait à un taux moyen de 3,40% sur 15 ans (contre 3,20% en août). "Les banques, déjà prudentes à la veille de la rentrée, profitent de ce contexte pour resserrer leurs conditions. C’est un signal clair: l’époque des décotes et des taux avantageux pour les meilleurs profils touche à sa fin”, abonde Pierre Chapon, co-fondateur du courtier Pretto, qui anticipe, lui aussi, des hausses de taux.

Ainsi, tous les critères semblent réunis pour que les taux ne baissent plus, voire remontent. Une hausse éventuelle des taux immobiliers serait une mauvaise nouvelle pour le marché. Mais “la remontée des taux ne signe pas la fin des projets immobiliers. Elle impose en revanche d’être plus stratégique : comparer plusieurs établissements, optimiser son apport, mobiliser les aides disponibles comme le PTZ ou les prêts bonifiés”, nuance Pierre Chapon. Nénamoins, l'instabilité politique pourrait également générer de l'attentisme côté acheteurs, notamment en raison des incertitudes sur la fiscalité.

Marine Cardot