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Calais: des militants d'extrême droite britanniques menacent des migrants et des associations

Action de militants d'extrême droite britannique à Calais le 4 juin

Action de militants d'extrême droite britannique à Calais le 4 juin - Auberge des migrants/Twitter

Des bénévoles associatifs et des migrants qui se trouvaient à Calais ce mercredi 4 juin ont été menacés par des militants d'extrême droite britannique, dont le leader d'un parti politique de Grande-Bretagne.

Le leader du parti britannique d'extrême droite Ukip, Nick Marcel Tenconi et plusieurs soutiens se sont confrontés ce mercredi 4 juin à des bénévoles de plusieurs associations humanitaires qui organisaient une distribution de cartes Sim à des migrants à Calais.

Vêtu de noir et un mégaphone à la main, l'homme politique qui se présente comme un défenseur de la chrétienté et des valeurs conservatives, s'est lancé dans une diatribe malhonnête contre les migrants accusés de ne pas vouloir leur parler.

D'après l'association Utopia 56, ces militants semblait plus prompts à l'intimidation qu'au dialogue. "Ils sont une petite dizaine de militants, des voitures de location, des gants coqués, un mégaphone, des bombes au poivre et se sont rendus sur un des principaux lieux de vie de Calais pour menacer les habitants", décrivent-ils dans un message adressé à BFM Grand Littoral.

"Personne ne veut me parler. Ils ne savent pas parler anglais, protégés par ces communistes. On doit en finir avec ça. Ils pouvaient me parler et me convaincre qu'il s'agissait de réfugiés légaux", s'est plaint le leader d'extrême droite face à une caméra.

Le procureur saisi

Il a poursuivi en accusant les militants associatifs de collaborer avec le gouvernement français pour "débarrasser leur territoire des migrants et nous traiter de racistes quand on s'y oppose". Le leader de Ukip a ensuite publié une courte vidéo sur ses réseaux sociaux nommant plusieurs associations et les accusant de participer à un trafic d'être humain.

Dans des vidéos en contrechamps tournées par des militants associatifs qui faisaient barrage entre les Britanniques et les migrants, Nick Marcel Tenconi se fait plus menaçant. "On filme vos visages. Les ONG travaillent avec les trafiquants. Tous vos visages sont filmés", a-t-il lancé tout en proférant des insultes.

"Chasse aux migrants"

"Nous avons alerté la sous-préfecture ainsi que le procureur", précise Utopia 56. "Cela fait écho à l'été dernier, où des militants d'extrême droite britanniques étaient venus pour faire la 'chasse aux migrants'".

Plusieurs embarcations tentent la traversée de la Manche depuis le littoral nordiste chaque jour pour tenter de gagner la Grande-Bretagne dans l'espoir d'une vie meilleure. Depuis le début de l'année, au moins 15 personnes sont mortes dans la Manche, selon un décompte de l'AFP à partir de chiffres officiels.

Sous pression avec la progression du parti d'extrême droite Reform UK, le Premier ministre britannique Keir Starmer s'est engagé à réduire l'immigration régulière comme irrégulière au Royaume-Uni. Le travailliste a annoncé mi-mai envisager des "centres de retour" hors du Royaume-Uni pour les demandeurs d'asile déboutés, une formule comparable à celle envisagée par l'UE.

Coup de pression du gouvernement anglais

Selon les chiffres officiels publiés vendredi 30 mai par les autorités britanniques, 13.614 migrants ont rejoint l'Angleterre à bord de petites embarcations depuis le début de l'année. Quelque 36.800 migrants avaient gagné l'Angleterre l'an dernier, essentiellement des Afghans, Syriens et Iraniens.

Interrogé sur Sky News, le ministre britannique de la Défense, John Healey, a qualifié les scènes observées la veille de "choquantes". "Nous avons un accord (avec les Français) pour qu'ils modifient leur manière de travailler. Notre priorité est désormais de les pousser à le mettre en œuvre afin qu'ils puissent intercepter les passeurs et stopper ces personnes dans les bateaux et pas seulement sur le rivage", a-t-il déclaré.

Sur la BBC, il a ajouté: "Ce qu'il faut maintenant, c'est travailler plus étroitement avec les Français pour les convaincre de mettre cela en œuvre afin qu'ils puissent intervenir dans l'eau, dans les eaux peu profondes, ce qu'ils ne font pas pour l'instant".

Les autorités françaises, conformément au droit de la mer, n'interviennent que pour du sauvetage une fois les bateaux à l'eau.

Florent Bascoul avec AFP