"Une décision historique": l'avocat des victimes salue la condamnation de l'État dans le dossier Metaleurop

Lorsqu'on lui demande la portée de cette décision rendue par la cour administrative d'appel de Douai (Nord), ce jeudi 23 mai, David Deharbe n'hésite pas longtemps: "C'est historique", clame-t-il au micro de BFM Grand Lille.
Invité de Bonsoir le Nord ce vendredi 24 mai, l'avocat des riverains du site Metaleurop -anciennement implanté à Noyelles-Godault (Pas-de-Calais)- est revenu sur la responsabilité de l'État vis-à-vis de la pollution générée par la fonderie durant plusieurs décennies. Au total, 1,2 million d'euros d'indemnités vont être versés aux riverains.
"La cour d'appel de Douai a dit que de 1960 jusqu'à la fermeture de l'usine, l'État savait qu'il y avait des terres polluées et qu'il fallait prendre des mesures pour éviter des pollutions atmosphériques", synthétise David Deharbe.
"Ce qui est reproché à l'État, c'est de ne pas avoir réglementé les envols de plomb qui sont extrêmement nocifs."
Le saturnisme, une pathologie lourde
Avant d'ajouter: "Les 51 requérants sont indemnisés du préjudice subi. Cela concerne la perte de 20% de leurs biens immobiliers qui représente la perte de chance de vendre son bien."
Outre la question immobilière, il est question "d'un trouble de jouissance" selon David Deharbe que le juge a sanctionné. Les riverains ne pouvaient par exemple pas cultiver de potager sur leur pelouse.
L'avocat est aussi revenu sur les huit cas de saturnisme détectés chez des enfants à l'issue d'un dépistage lancé à l'été 2022 par l'Agence régionale de santé. "Ce sont des gamins de moins de 6 ans qui se retrouvent avec des pertes de QI. Il s'agit de dommages corporels", a-t-il déploré.
L'État ne dépolluera pas les terrains des riverains
Implantée en 1894, l'usine Metaleurop a rejeté pendant des décennies des tonnes de métaux lourds dans l'air. À sa fermeture en 2003, la zone était considérée comme la plus polluée de France.
L'État n'est, en revanche, pas condamné à dépolluer les terrains des requérants, les prélèvements effectués n'ayant "pas révélé localement de taux de métaux lourds plus importants que pour la population générale", précise la cour administrative d'appel de Douai.