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Sécheresse: le niveau des canaux sous haute surveillance dans les Hauts-de-France

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Les Voies Navigables de France, chargées de la gestion de l'eau, assurent que la situation est "sous-contrôle" pour le moment.

La sécheresse continue d'affecter le Nord et le Pas-de-Calais. Après l'alerte sécheresse de plusieurs bassins de la région ces derniers jours, comme ceux de la Sambre et l'Yser, le niveau des canaux est désormais surveillé de près par les Voies Navigables de France (VNF).

Avec les fortes chaleurs et le manque de pluie, le trafic fluvial est menacé dans la région, alors que ce secteur permet de transporter 10 millions de tonnes de marchandises chaque année, soit près de 400.000 camions.

Une situation "sous-contrôle" mais en tension

Selon le directeur adjoint des Voies Navigables de France dans le Nord-Pas-de-Calais Olivier Matrat, invité de BFM Grand Lille mardi, la "situation des canaux est maintenue et sous-contrôle", même si "à ce stade, on a des secteurs où les débits sont relativement faibles sur la Scarpe aval, la Marque et l'Escaut aval".

"Effectivement, ça nous met en tension sur la tenue des niveaux des canaux sur le delta de l'Aa, le canal Dunkerque Escaut, la Scarpe amont et la Sambre à l'Oise", remarque-t-il.

Mais "si la situation de sécheresse et de chaleur élevée continue, la tension va continuer", s'inquiète-t-il.

120 capteurs pour suivre la situation de près

Pour s'assurer du bon fonctionnement des canaux, les Voies Navigables de France utilisent des capteurs qui leur permettent de suivre la situation chaque jour.

"Un réseau de 120 capteurs répartis sur tout le territoire et qui nous permet de connaître en permanence les niveaux dans les canaux. Il y a une équipe dédiée qui suit tout au long de l'année ces niveaux pour anticiper une gestion de crise et nous permettre d'identifier en amont les signes négatifs", explique Olivier Matrat.

Malgré ces tensions, il confirme toutefois que le niveau de ces 680 km de canaux n'est pas plus bas que les étés précédents et reste optimiste pour cette année.

"Le réseau de VNF récupère à peu près 80% des eaux de ruissèlement du Nord et du Pas-de-Calais, c'est considérable. Ça veut dire aussi que dès qu'il y a la moindre pluie, nous avons un réseau qui est extrêmement réactif et qui va se recharger très vite", détaille-t-il.

Mais en ce qui concerne la pluie, elle est seulement envisagée "dans la nuit de jeudi à vendredi" pour le moment et sera vraisemblablement insuffisante pour maintenir le niveau des canaux.

Pour Olivier Matrat, elle permettra toutefois "d'améliorer un petit peu la situation et de tenir un peu plus longtemps" mais les VNF se préparent "si nécessaire, à entrer dans une gestion de crise", prévient-il.

Une météo record en juillet dans la région

Les météorologues n'avaient jamais mesuré un mois de juillet aussi chaud, sec et ensolleillé en France. Le Nord et le Pas-de-Calais ont atteint des seuils records qui n'avaient pas été battus depuis les années 1950.

D'abord en matière d'ensoleillement, avec 290h de soleil à Lille et 310h à Calais. Ces valeurs ont quasiment doublé par rapport aux normales de saison. Et si le soleil était l'acteur principal de ce mois, la pluie, à l'inverse, était quasiment absente.

Le déficit pluviométrique n'a jamais été aussi élevé. On relève 81% de déficit à Dunkerque, et 95% à Boulogne-sur-Mer. À Lille, il est tombé seulement 5mm de pluie en juillet. Habituellement, au mois de juillet, il peut tomber "entre 60 et 70 litres" selon le météorologue et directeur d'Agate Météo Patrick Marlière.

L'épisode de fortes chaleurs n'est pas terminé dans les Hauts-de-France, qui doit s'attendre à de nouveaux pics de chaleur au mois d'août.

Dans le Nord, le bassin de l'Yser est placé en situation de crise. Plusieurs bassins du Pas-de-Calais sont quant à eux en situation d'alerte renforcée. Des restrictions sont mises en places localement.

Shéhérazade Ben Essaid