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Prison de haute sécurité de Vendin-le-Vieil: deux détenus contestent leur transfèrement

Le centre pénitentiare de Vendin-le-Vieil, dans les Hauts-de-France, accueillera ses premiers détenus à partir du 31 juillet.

Le centre pénitentiare de Vendin-le-Vieil, dans les Hauts-de-France, accueillera ses premiers détenus à partir du 31 juillet. - Michel Euler / POOL / AFP

Plaçant peu d'espoir dans cette procédure, l'avocate d'un des détenus indique que son client entend ensuite saisir le tribunal administratif en référé et sur le fond. Elle rappelle que son client n'est "condamné définitivement à rien". Un autre avocat, Philippe Ohayon a également indiqué contester le transfèrement de son client, sans en révéler l'identité.

Au moins deux détenus dont Guy B., surnommé "Mareko Scarla", contestent leur transfèrement prévu fin juillet vers la prison de Vendin-le-Vieil (Pas-de-Calais) où doivent être placés à l'isolement des narcotrafiquants jugés dangereux, a appris ce samedi 19 juillet l'Agence France-presse auprès de son avocate.

"On le conteste par principe", a expliqué à l'AFP Me May Sarah Vogelhut, confirmant une information du Courrier picard. Elle explique que son client, qui n'est "condamné définitivement à rien", "redoute beaucoup les parloirs avec un hygiaphone", une vitre séparant le détenu de son visiteur.

Samedi après-midi, Guy B. et Me Vogelhut ont rendez-vous avec la direction du centre pénitentiaire de Beauvais, où il est incarcéré, pour faire part de leur observation sur ce transfèrement, qui seront ensuite transmises à la direction de l'administration pénitentiaire. Cela n'a rien d'un "débat contradictoire", souligne l'avocate.

Plaçant peu d'espoir dans cette procédure, elle indique que son client entend ensuite saisir le tribunal administratif en référé et sur le fond.

Un autre avocat, Philippe Ohayon, a également indiqué à l'AFP contester le transfèrement de son client, sans en révéler l'identité.

"Pas de vérité judiciaire"

Avec Condé-sur-Sarthe, Vendin-le-Vieil est l'une des deux prisons de haute sécurité désignées le 6 mars par le gouvernement pour accueillir 200 narcotrafiquants, jugés les plus dangereux du pays par les autorités. Leur régime carcéral d'isolement est inspiré de la lutte anti-mafia en Italie.

À la prison de Vendin-le-Vieil, tout "sera bien prêt le 31 juillet" pour accueillir 100 narcotrafiquants, a assuré mercredi sur BFMTV le garde des Sceaux Gérald Darmanin.

En septembre 2023, Guy B. a été condamné aux assises des mineurs d'Aix-en-Provence à 25 ans de réclusion criminelle pour séquestration accompagnée d'actes de torture et de barbarie en bande organisée sur deux adolescents recrutés pour travailler sur des points de deal, aux côtés de cinq co-accusés. Le procès en appel s'ouvrira fin septembre à Nice, selon son avocate.

Le jeune homme est mis en cause dans plusieurs autres procédures, soupçonné notamment d'avoir planifié depuis sa cellule du centre pénitentiaire d'Aix-Luynes (Bouches-du-Rhône) l'assassinat d'Amine B., tué à Garges-lès-Gonesse en mars 2022 sur fond de guerre entre narcotrafiquants.

Dans des écoutes, le jeune homme se vante de son appartenance au clan Yoda, au coeur d'une guerre sanglante avec le réseau de la DZ Mafia à Marseille. Son avocate souligne qu'il n'y a encore "pas de vérité judiciaire" le concernant et s'insurge de lire dans un document de l'administration pénitentiaire "qu'il appartient au clan Yoda, qu'il est extrêmement dangereux, qu'il est l'auteur de X assassinats, tout ça sur un ton très affirmatif qui fait absolument fi de la présomption d'innocence".

"Violation totale de la décision du Conseil constitutionnel"

L'avocat de l'autre détenu, Me Philippe Ohayon, pointe des transfèrements organisés "en violation totale de la décision du Conseil constitutionnel", qui a validé avec des réserves mi-juin la loi contre le narcotrafic créant ces quartiers de haute sécurité dans les prisons.

"Le Conseil constitutionnel exige qu'il soit établi des contacts depuis la prison entre le détenu et des réseaux criminels, et l'administration fait comme si cette décision n'existait pas, en fondant ses décisions sur de vagues suppositions", dénonce-t-il.

C.L. avec AFP