Lille: neuf personnes soupçonnées d'appartenir à un réseau de passeurs jugées à partir de ce lundi

Un bateau qui transporte des migrants qui attendent d'être secourus, le 9 mai 2022, dans la Manche. - Sameer Al-DOUMY © 2019 AFP
Le procès de neuf personnes soupçonnées d'appartenir à un réseau de passeurs s'est ouvert ce lundi au tribunal judiciaire de Lille. L'audience devrait durer quatre jours.
Cinq traducteurs seront présents jusqu'à la fin de la semaine, puisque cinq des accusés sont d'origine irakienne, et quatre d'origine iranienne.
Des allers-retours entre la France et la Belgique
Le 3 avril 2020, les autorités ont été contactées par le propriétaire d'un gîte de Sangatte, qui soupçonnait des futurs locataires d'avoir pris contact avec lui pour loger des migrants. Les forces de l'ordre sont parvenues à retracer leur activité téléphonique jusqu'aux Pays-Bas. L'un des téléphones tracés était entré en contact avec Said Karimi, déjà surveillé de près par les forces de l'ordre.
Ces dernières ont également fait le lien avec une autre enquête dans laquelle les autorités surveillaient depuis le mois de mai les déplacements d'une voiture immatriculée en Allemagne, et qui faisait régulièrement des allers-retours entre la France et la Belgique.
Les forces de l'ordre ont ainsi pu établir que l'un des accusés transportait des familles de migrants depuis la Belgique jusqu'à Calais. Il avait notamment déposé une femme et deux petites filles auprès de Said Karimi, qui les a lui-même amenées jusqu'au chemin des Dunes de Calais, un secteur connu par les forces de l'ordre pour être un point de départ de migrants vers l'Angleterre.
3.000 euros la place à bord du canot
Une opération de coopération entre les policiers français, belges, néerlandais et anglais a débuté en juillet 2020, au cours de laquelle les écoutes téléphoniques et géolocalisations de véhicules ont permis d'aboutir au démantèlement du réseau de passeurs, en octobre 2020.
Les enquêteurs ont alors découvert que les passeurs vendaient 3000 euros des places dans des canots gonflables, engendrant ainsi un profit de 70.000 livres (soit un peu plus de 80.000 euros) par semaine.
Jusqu'à vingt migrants étaient alors embarqués, parfois de force, à bord de canots mesurant 4,70 mètres, et pouvant normalement accueillir cinq personnes au maximum. Pour traverser la Manche, ils étaient seulement équipés de gilets de sauvetage.
Premier jour d'audience ce lundi
Said Karimi, jugé avec les huit autres accusés cette semaine, est soupçonné d'être à la tête de l'organisation. Sont également jugés un père et son fils, anciens candidats à la traversée devenus aujourd'hui passeurs, qui ont reconnu que le logement qu'ils occupaient était payé par Said Karimi.
Ce lundi matin, la cour est d'abord revenue sur certains points de l'enquête, notamment concernant la surveillance des activités des accusés. Elle a tenté d'établir le rôle de ces derniers dans le transport de migrants, notamment jusqu'au chemin des Dunes et la route de Gravelines à Calais.
L'audience devrait prendre fin jeudi. Cinq des accusés sont actuellement placés sous contrôle judiciaire, et les quatre autres ont été placés en détention.