"Il ne mérite pas de mourir": Toto, un sanglier domestiqué, menacé d'euthanasie dans le Pas-de-Calais

Un animal enlevé à sa famille d'adoption. Toto, un sanglier aujourd'hui âgé de huit mois et recueilli par une famille du Pas-de-Calais alors qu'il n'était encore qu'un marcassin, est désormais menacé d'euthanasie. Soi-disant malade, l'animal ne peut être accueilli dans un parc, ni relâché dans la nature, et se trouve dans une fourrière depuis plusieurs mois.
Ses propriétaires se battent pour que Toto puisse continuer à vivre et soit confié aux institutions compétentes: dans tous les cas, il ne pourra pas retrouver sa famille d'adoption, car détenir un animal sauvage est interdit en France.
Les gendarmes venus saisir l'animal
Il y a plusieurs mois, une famille de Boiry-Becquerelle (Pas-de-Calais), participait à une partie de chasse lorsque les chiens ont attaqué une portée de marcassins. La famille a réussi à en sauver un, blessé, qu'ils ont décidé de ramener chez eux pour le soigner.
"On s'est levé la nuit, on l'a brossé, on l'a soigné, il était blessé. On s'en est occupé pendant deux mois", raconte Arnaud Bienvenu, habitant qui a recueilli Toto, au micro de BFM Grand Lille. "Jusqu'au jour où les gendarmes sont venus avec un chien pour saisir Toto."
Les autorités ont en effet eu vent de la présence de Toto chez cette famille. Et en France, il est interdit de posséder un animal sauvage comme animal de compagnie, tout comme il est interdit de remettre en liberté un animal sauvage qui a été au contact de l'homme.
Toto a donc été saisi et emmené à la fourrière de Saint-Laurent-Blangy, en attendant que la justice statue sur son sort. Le substitut du procureur a notamment ordonné son euthanasie, mais une juge a annulé cette décision. L'affaire est désormais dans les mains de la cour d'appel de Douai.
"Il a sa place"
Autre problème pour la prise en charge de Toto: il est aujourd'hui trop grand pour l'espace qu'il occupe à la fourrière, et coûte de l'argent à la structure: huit euros par jour passé sur le site.
"L'endroit n'est plus adapté. Il était adapté quand il était encore petit, quand on avait encore un marcassin, mais aujourd'hui on n'a plus un marcassin, on a un sanglier âgé d’environ 7 à 8 mois. Si bien qu'on va devoir investir dans une clôture électrique pour empêcher qu’il y ait des dégradations et que l’animal ne s’échappe", explique Fabrice Cathelain, directeur prévention et tranquillité publique à la Communauté urbaine d'Arras.
La famille d'adoption de Toto estime quant à elle qu'il doit bien exister une structure capable de prendre en charge l'animal.
"Il ne mérite pas de mourir. Je ne vois pas pourquoi: il n'est pas malade, il n'est pas méchant. Quand on le caresse, il se met sur ses pattes, il attend sa friandise. Bien sûr, on ne peut plus le remettre en forêt, c'est évident, il n'est plus adapté. Mais dans un parc spécialisé, dans un domaine clos, avec une personne assermentée, il a sa place", assure Arnaud Bienvenu.
Mais un premier test réalisé sur l’animal semblait indiquer qu'il souffre d'une maladie contagieuse, un résultat contredit par une seconde expertise. Malgré l’avis de ce second vétérinaire, qui affirme que le sanglier n’est pas malade, personne ne veut prendre le risque de contaminer un élevage ou d'autres animaux.
La cour d'appel de Douai doit rendre sa décision sur l'avenir de Toto ce vendredi 28 juin.