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Hauts-de-France: des sénateurs militent pour la reconnaissance du picard comme langue régionale

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Quatre sénateurs ont envoyé début décembre un courrier au Premier ministre Jean Castex afin que le ch'ti, le picard, soit reconnu comme une langue régionale officielle.

"Nous avons adressé un courrier à Monsieur Castex pour demander que le picard (aussi appelé le ch'ti, ndlr) soit reconnu comme langue régionale, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui. Au même titre que le breton, l'alsacien, le catalan", a expliqué le sénateur PCF du Nord Éric Bocquet sur le plateau de BFM Lille ce lundi.

L'élu a envoyé cette lettre le 2 décembre dernier avec ses confrères sénateurs Max Brisson (LR, Pyrénées-Atlantiques), Jean-Pierre Decool (DVD, Nord) et Laurent Somon (LR, Somme).

"Nous regrettons que le picard, langue régionale des Hauts-de-France, reconnue par le ministère de la Culture et pratiquée par environ un million de personnes soit absent de cette liste", écrivent les hommes politiques.

"Il y a une culture" dans le picard

"Ce n'est pas un français déformé, ce n'est pas un accent, il y a du vocabulaire, il y a une syntaxe, il y a une culture" dans le picard, a martelé Éric Bocquet qui cite les albums de Tintin ou d'Astérix traduits en ch'ti.

Le picard a été "dévalorisé et j'ai l'impression qu'on a assimilé le ch'ti, le picard, à une forme de vulgarité et c'est tout à fait le contraire", a assuré le sénateur pour qui "il n'y a aucune vulgarité là-dedans, c'est notre patrimoine."

Un "petit écart pour valoriser le picard"

Pour l'élu, "il y a une réalité culturelle autour du picard qu'il faut développer et transmettre aux jeunes générations". Il souhaiterait la mise en place de cours de picard dans les écoles qui le souhaitent. Mais pour ça, il faut d'abord obtenir "une reconnaissance de langue régionale", a-t-il expliqué.

"Si on ne la pratique plus, elle va s'éteindre", s'inquiète Éric Bocquet alors que l'Unesco l'a classée comme une langue "sérieusement en danger". L'élu compte toutefois continuer le combat: avec ses confrères, il va contacter la région, se rapprocher du Conseil régional des Hauts-de-France et discuter avec la ville de Lille.

Et Éric Bocquet n'exclut pas de s'exprimer dans ce dialecte régional à la tribune du Sénat, où seul le français est autorisé, un "petit écart pour valoriser le picard".

Diane Regny