"Faites autre chose": les propos du président du département du Nord provoquent la colère des agents de l'aide à l'enfance

Des mots vécus comme une insulte par les travailleurs de l'aide à l'enfance. Plusieurs d'entre eux ont manifesté pacifiquement, ce vendredi 24 janvier, lors de la cérémonie des vœux du président du conseil départemental du Nord, à Téteghem.
Munis de pancartes, les agents se sont levés lors de la prise de parole de Christian Poiret pour dénoncer la réduction des moyens dont ils bénéficient.
Et la réaction du président du département a fusé. "Si vous avez un travail en mode dégradé, faites autre chose que travailler au département du Nord", a-t-il lancé, cinglant.
Une coupe budgétaire de trois millions d'euros
"On ne s'attendait pas du tout à une réaction comme celle-là", rapporte une travailleuse de l'aide à l'enfance présente à la cérémonie au micro de BFM Grand Lille. "C'était assez choquant. On était en train de pacifiquement revendiquer des manques de moyens qu'on a au niveau des services."
Les agents avaient justement choisi de manifester durant la cérémonie des vœux pour pointer du doigt un dialogue qu'ils estiment rompu avec le président du département. Parmi leurs principaux griefs: une coupe budgétaire de trois millions d'euros annoncée pour l'aide aux jeunes en difficulté.
"Ces trois millions de budget en moins vont impacter 60 salariés, des éducateurs de prévention spécialisée", explique Anaïs Demuynck, déléguée syndicale Force ouvrière et travailleuse sociale à Dunkerque.
Une baisse de budget qui va bien évidemment se faire ressentir sur le terrain. "Pour nous à Dunkerque, notre association, c'est -330.000 euros", dénonce Nathalie Harmand, éducatrice de rue dans le Dunkerquois.
"C'est six à huit postes d'éducateurs de rue qui vont sauter, c'est la moitié des éducateurs de rue qu'on va perdre. C'est comme si on n'intervenait plus du tout sur Grande-Synthe ou sur Dunkerque", poursuit-elle.
La gauche dénonce une réaction "incompréhensible"
Le département du Nord n'a pas souhaité faire de commentaire à ce stade. Mais du côté de l'opposition, les réactions ne se sont pas fait attendre. Plusieurs groupes de gauche ont publié un communiqué pour dénoncer une réaction "véhémente et incompréhensible" du président du conseil départemental.
"Si le manque de moyens détériore leurs conditions de travail, nous savons que les travailleurs sociaux ont besoin que leur institution défende autre chose qu'un 'travail en mode dégradé'. Ils attendent aussi, et c'est légitime, la reconnaissance de leur engagement, de leur courage et de leur professionnalisme", écrivent les élus de gauche.
L'ancien président socialiste du département et président du groupe socialiste, Didier Manier, évoque auprès de nos confrères d'Ici Nord un "gros dérapage" de Christian Poiret, qu'il appelle à s'excuser.
"J'espère que ses excuses permettront de rétablir le dialogue avec les agents. Moyens et écoute sont indispensables aux missions de service public nécessaires aux Nordistes", écrit-il sur son compte X.
Mais le mal est déjà fait pour les agents de l'aide à l'enfance, qui s'organisent déjà pour se mobiliser le 6 février prochain sur la place de la République, à Lille, afin de forcer le dialogue.