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"Barbelés awards" à Calais: un palmarès satirique des pires dispositifs anti-migrants

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Des associations ont organisé jeudi soir une cérénomie des "Barbelés awards" dans un cinéma de Calais, pour attribuer les pires mesures mises en place contre les exilés.

"Bienvenue en absurdie": à Calais, des associations ont remis jeudi soir des prix satiriques aux pires mesures prises pour décourager les candidats à l'exil vers l'Angleterre - arbres coupés, tentes lacérées, distributions de nourriture interdites, ou encore abris rendus inaccessibles.

Cette première cérémonie des "Barbelés awards", était organisée par une quarantaine d'associations, dont Emmaüs, la Fondation Abbé Pierre ou encore Médecins du Monde, pour tourner en dérision l'"hypocrisie, l'absurdité et l'inhumanité" de "l'arsenal répressif inédit" déployé à la frontière franco-britannique.

"Par rapport à cette politique ignoble, on a tout essayé depuis des années. Des recours en justice, des manifestations, des pétitions, une grève de la faim et ça ne donne rien. On a l'impression qu'on parle dans le vide, que les personnes dont on parle sont vues comme des animaux", justifie le porte-parole du collectif des associations unies Manuel Domergue, au micro de BFM Grand Littoral.

Il poursuit: "On a voulu, face à ce désespoir, utiliser l'arme de la dérision parce qu'on sait bien que l'humour peut permettre de faire passer des messages".

Un "Barbelé d'Or" aux violences policières

Les prix ont été remis dans un cinéma de Calais, en présence de militants associatifs, ainsi que quelques exilés et habitants de cette ville dont le paysage urbain est marqué par les murs, grillages et barbelés érigés ces dernières années.

Ils ont décerné un "Barbelé d'Or" aux violences policières, incarnées par le cas de Bhrané, un Érythréen qui a eu la mâchoire fracturée et le crâne enfoncé par un tir tendu de LBD40 au visage le 11 novembre 2020. Il a été hospitalisé pendant 2 mois à Lille, selon les organisateurs.

Bhrané a porté plainte, mais il n'y a pas eu de suites, et il a depuis été expulsé vers les Pays-Bas, où il avait déjà été débouté du droit d'asile, a indiqué la Cabane juridique, association calaisienne d'accès aux droits.

Récompenses à la mairie de Calais

Dans la catégorie "arts de la table" ont été primés les 20 arrêtés préfectoraux successifs pris depuis septembre 2020 pour interdire la distribution de denrées alimentaires dans certaines zones du littoral.

D'autres mesures, dont la destruction de forêts, la fermeture de plages, l'installation d'arceaux à vélo sous des ponts et de rochers autour d'un supermarché désaffecté pour empêcher d'y poser des tentes, étaient en lice.

Après avoir remercié le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin pour son "ingéniosité", les participants ont remis symboliquement les récompenses à la mairie de Calais.

"Le défi de la fraternité peut être relevé"

Environ un millier de migrants vivent autour de Calais, dans des campements provisoires d'où ils sont expulsés très régulièrement pour éviter la reconstitution d'un bidonville.

La présidente du Secours Catholique, Véronique Devise, a appelé à "l'arrêt immédiat de la politique stérile de lutte contre les points de fixations, et la mise en place de maisons de migrants sur le littoral".

"Le défi de la fraternité peut être relevé: l'élan de solidarité inédit des Français au profit des Ukrainiens (...) en est la preuve", a-t-elle souligné, exprimant l'espoir que "l'accueil des Ukrainiens ouvre la voie à l'accueil de tous les autres exilés".

Au moins 348 personnes ont péri à la frontière depuis 20 ans, dont 5 depuis le début de cette année.

S.B.-E. avec AFP