"Vous êtes des tueurs": les salariés de Leroy Merlin craignent des débordements en magasin

Actuellement, 50 magasins proposent le service FrizBiz, mais d’ici la fin de l’année, il sera proposé dans les 120 Leroy Merlin de France. - Mychelle Daniau - AFP
Leroy Merlin au coeur d'une bataille diplomatique? Alors que le président ukrainien a exhorté ce mercredi les entreprises françaises encore en Russie -dont le groupe de distribution fait partie- à "cesser de soutenir la machine de guerre" russe, Leroy Merlin a répondu qu'il ne pouvait pas cesser son activité.
"Ce serait une faillite préméditée ouvrant la voie à une expropriation qui renforcerait les moyens financiers de la Russie", a répondu le groupe dans une déclaration.
Une position partagée par les syndicats du groupe.
"On ne peut pas abandonner à la pauvreté les 45.000 salariés de la société en Russie, explique Jean-Marc Cicuto de la CFTC. Cela représente 100.000 personnes en comptant les familles des salariés."
"On perd de l'argent en Russie"
Le représentant syndical assure comprendre la demande du président ukrainien Zelensky.
"Je ne le blâme pas mais sérieusement on ne finance rien du tout en Russie, estime-t-il. Le chiffre d'affaires annuel de Leroy Merlin c'est 4,5 milliards d'euros, c'est deux jours de gaz! Et puis on perd de l'argent actuellement en Russie, c'est certain."
En interne, les salariés qui se mobilisent pour accueillir leurs homologues ukrainiens redoutent surtout les réactions de clients. Si pour l'heure il n'y a pas de "déchainement" selon le syndicaliste, des tensions commencent à apparaître.
"Il y a deux jours, un client qui a vu mon badge Leroy Merlin m'a dit devant le magasin qu'on était des tueurs, assure Jean-Marc Cicuto. Dans les magasins, les salariés ont actuellement peur du dérapage. En Pologne, à la frontière ukrainienne, nos collègues nous racontent qu'ils reçoivent beaucoup d'insultes."
Une situation qui préoccupe aussi la direction. Dans une interview à la Voix du Nord, le patron d'Adeo, Philippe Zimmermann, s'il dit comprendre "la position du président ukrainien", ne cache pas être "heurté d’être considérés comme des sponsors de la guerre".
"Cela peut mettre en danger nos salariés, redoute-t-il. En Pologne, déjà, nous avons des réactions agressives contre nos salariés."
Des communications en interne tentent de rassurer les salariés depuis quelques jours en indiquant des éléments de réponses à donner aux clients qui se pourraient se montrer agressifs.
