Un groupe émirati met la main sur l'armurier français Manurhin

Sous procédure de sauvegarde, l'ex-gloire alsacienne des armes à feu a été reprise à la barre du tribunal de commerce par Emirates Defence Industries Company. Manurhin emploie 145 salariés et produit des machines destinées à la production de munitions.

C'est une page de l'industrie française de l'armement qui se tourne avec la reprise de Manurhin. La PME alsacienne va passer sous pavillon étranger après 99 d'existence, marquée par la notoriété acquise avec ses revolvers Manurhin MR 73 utilisés par la Police Nationale. À la suite d'une décision de justice, le tribunal de Mulhouse a accepté l'offre de reprise du groupe de défense des Émirats Arabes Unis, EDIC (Emirates Defence Industries Company). Manurhin avait été placé en redressement judiciaire le 13 Juin 2018.

Présidé par Luc Vigneron, ancien PDG de Giat Industries devenu Nexter puis Thales, "Edic ne reprend pas le passif de Manurhin. L’Emirates Defence Industries Company va créer une filiale française au capital de 10 millions d’euros, somme qui devrait lui permettre de redémarrer et d’acheter les fournitures nécessaires pour relancer la production. Le groupe a indiqué au tribunal qu’il est ensuite à même de financer les besoins futurs de Manurhin jusqu’à hauteur de 35 millions d'euros", précise le quotidien L'Alsace. Son plan prévoit la reprise de 104 salariés sur les 145 occupés actuellement à la produire des machines de fabrication de munitions.

Les revolvers Manurhin de la Police ont bâti sa notoriété

Fondé à Mulhouse en 1919 sous le nom de "Manufacture de machines du Haut-Rhin", l'industriel produisait à l'origine des machines destinées à l’industrie alimentaire et autres appareils de mesure, avant de se tourner en 1922 vers les munitions et machines de fabrication de munitions, puis la fabrication d'armes à feu en 1946 dont les plus connues ont été les revolvers MR 73 puis le Manurhin Spécial Police et le MR 88.

Avant sa reprise par le groupe émirati, Manurhin était détenu à 43% par le tandem public formé de Giat Industries et Bpifrance Financement, à 34% par le slovaque Delta Defence, et à 23% par des investisseurs locaux alsaciens. La société est cotée au marché libre Euronext à Paris.

Frédéric Bergé