UFC-Que Choisir réclame plus de transparence sur le prix des médicaments anticancéreux

Des gélules de médicaments. Image d'illustration. - GERARD JULIEN / AFP
L'UFC-Que Choisir réclame, jeudi 18 septembre, plus de transparence sur les prix des traitements dits innovants et souvent très coûteux, soulevant le cas du Keytruda, l'anticancéreux le plus cher pour l'Assurance Maladie l'an dernier, pour dénoncer "des dérives du marché pharmaceutique".
"Nous exigeons une transparence sur le prix de ce médicament, et des médicaments en général", a déclaré Marie-Amandine Stevenin, la présidente de l'association de consommateurs, dans un communiqué.
"Cette transparence est d'autant plus nécessaire que des analyses indépendantes estiment qu'un prix équitable du Keytruda pourrait se situer entre 52 et 885 euros, très loin des montants facturés à l'Assurance maladie", ajoute-t-elle.
Lancé en 2014 sur le marché pour traiter à l'origine le mélanome avancé, le Keytruda (pembrolizumab) est désormais approuvé dans 13 cancers. En France, son prix affiché s'élève à 2.380 euros, mais il ne prend pas en compte les remises confidentielles négociées entre l'État et l'industriel, selon UFC-Que Choisir.
6,25 milliards de dépenses en médicaments anticancéreux
Ce médicament innovant "participe activement à lutter contre le cancer, 1ère cause de mortalité en France", ayant "transformé la prise en charge de nombreux cancers à mauvais pronostic", souligne de son côté le laboratoire américain qui le commercialise (MSD connu sous Merck aux Etats-Unis).
En 2024, les dépenses brutes de médicaments ont atteint 37,9 milliards d'euros dont 6,25 milliards pour les anticancéreux - des traitements innovants principalement prescrits à l'hôpital - un marché fortement concentré autour de cinq spécialités en forte croissance, selon l'Assurance maladie.
Parmi ces produits, Keytruda a coûté 2,1 milliards d'euros en 2024, comptant pour environ un tiers de ces dépenses liées aux anticancéreux, se classant en tête devant Darzalex, Opdivo, Imfinzi et Enhertu.
"L'évolution des indications de ces traitements, souvent élargies après leur inscription, contribue également à la hausse des dépenses", souligne l'Assurance maladie dans son rapport annuel "charges et produits". Ces dépenses justifient, selon elle, "d'étudier le prix de ces nouveaux médicaments en oncologie au regard de la plus value qu'ils apportent".
Un médicament efficace, qui entraine d'autant plus de coût
Keytruda pèse pour plus de 5% des dépenses totales de médicaments remboursables par la sécurité sociale, dont les prix sont négociés entre les entreprises pharmaceutiques et l'Etat.
Le coût annuel par patient est systématiquement plus élevé pour les médicaments qui apportent une amélioration médicale majeure, importante ou modérée, comparé à ceux à amélioration mineure ou nulle.
"La Haute autorité de santé a reconnu à de très nombreuses reprises ce caractère innovant en accordant 16 ASMR 3 (amélioration du service médical rendu modérée)" au Keytruda, qui représente 45% du chiffre d'affaires mondial du laboratoire et qui est breveté jusqu'en 2031, rappelle MSD, interrogé par l'AFP.
"En outre, ce médicament a obtenu, depuis 2021, 10 accès précoces pour des patients qui n'avaient plus d'options thérapeutiques", ajoute le groupe