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Transport aérien: Les jeunes seraient prêts à payer 14% plus cher pour moins polluer

La génération Z prête à payer ses billets d'avion 14% plus chers.

La génération Z prête à payer ses billets d'avion 14% plus chers. - Pexels

Une étude analyse le comportement parfois paradoxal des jeunes par rapport au transport aérien qui sont prêts à payer plus cher, tout en affirmant que le prix reste une priorité dans le choix d'un billet.

Le Flygskam est-il passé de mode? Cette tendance qui signifie littéralement honte de prendre l'avion est née en Suède en 2018 et a rencontré un certain succès auprès des jeunes sur les réseaux sociaux au point d'inquiéter les compagnies aériennes.

Avec la crise pandémique et la chute historique du transport aérien, cette problématique a été moins centrale depuis deux ans. Pour autant, la sensibilité environnementale et la question des émissions de CO2 liées au transport est toujours bien présente auprès de la génération dite Z (les moins de 25 ans).

C'est ce qu'a tenté de mesurer une étude* de la chaire Pégase consacrée à l'économie du transport aérien à la Montpellier Business School. Les auteurs constatent ainsi que les 15-24 ans sont davantage sensibles que leurs ainés aux questions environnementales. Même s'ils n'ont pas une perception totalement juste de l'impact du secteur.

Ainsi, concernant les émissions de CO2 du secteur aérien, seuls 14% des membres de la génération Z ont réussi à trouver sa véritable contribution (entre 2 et 3% des émissions de CO2 mondiales) et 81% la surestiment. Parfois même de beaucoup. 33% des jeunes interrogés estiment que le secteur aérien est responsable d'au moins 9% des émissions globales.

Malgré tout, les jeunes ont mieux réussi à estimer cette part puisque seuls 10% des 25 ans et plus ont trouvé la bonne réponse. Les jeunes sont légèrement moins nombreux à surestimer fortement les émissions de CO2 du transport aérien : 33% des jeunes contre 40% des 25 ans et plus pensent que le transport aérien représente plus de 9% des émissions de CO2.

14% plus cher pour un billet plus "vert"

Une conscience écologique qui se traduit par des intentions plus affirmées.

"Les jeunes montrent une propension plus importante que leurs ainés à payer une somme supérieure pour des vols plus verts, constatent les auteurs de l'étude. De fait, tandis que plus de 20% de la génération Z (et 31% pour le reste de la population) ne sont pas prêts à payer plus pour voler sur une compagnie plus respectueuse de l’environnement."

Les 15-24 ans seraient prêts en moyenne en payer 14% plus cher leur billet pour réduire leur empreinte environnementale. Ce taux n'est que de 8% chez les plus de 25 ans. Une donnée à relativiser. D'abord parce qu'il s'agit d'une déclaration d'intention, des affirmations qui ne se traduisent que rarement en actes. Ensuite parce que leur préoccupation reste comme le reste de la population le prix.

"Lorsqu’ils achètent un billet d’avion, les critères de choix principaux de la génération Z sont en priorité : le prix, la sécurité et le nombre d’escales, peut-on lire dans l'étude. La performance environnementale de la compagnie aérienne n’arrive qu’en 7ème position (sur 10)."
Chaire Pégase
Chaire Pégase © Chaire Pégase

Des jeunes qui voyagent par ailleurs beaucoup. Bien plus que leurs ainés du fait de leur situation familiale.

"En tant que passagers aériens, plus de 80% des 15-24 ans ont pris l’avion au moins une fois dans leur vie (contre 91% pour les plus de 25 ans), indique l'étude. Avant la crise du Covid-19, sur une année type comme 2019, 61% avaient pris l’avion au moins une fois dans l’année. En moyenne, la génération Z réalisait 1,46 vol par an, soit moins que les millennials (1,65 vol) mais plus que la génération X (1,34 vol) ou les baby-boomers (1,015 vol)."

Des chiffres qui confirment que la honte de prendre l'avion auprès de cette génération semble être un phénomène très marginal.

*Questionnaire administré à deux échantillons représentatifs, constitués selon la méthode des quotas : un premier échantillon de 800 répondants des jeunes âgés de 15 à 24 ans et un second échantillon de 1010 répondants ayant 25 ans et plus.

Frédéric Bianchi
https://twitter.com/FredericBianchi Frédéric Bianchi Journaliste BFM Éco