Thierry Breton: "Toutes les dettes sont faites pour être payées"

"La dette sera remboursée", assure le Commissaire européen à l'Industrie. - BFMTV
Faut-il annuler la dette des Etats? Alors que les pays européens se sont lourdement endettés ces derniers mois pour traverser la crise, Thierry Breton maintient que la Commission européenne qui en détient une bonne partie ne compte pas l'effacer. Inivité sur BFMTV-RMC, le Commissaire européen à l'Industrie a réaffirmé sa position.
"Il n'y a pas un pays qui a le premier sou pour ça, tous les pays sont obligés de s'endetter pour faire face à cette situation considérable, a rappelé Thierry Breton. Cette dette qui est constituée maintenant ne sera pas annulée, toutes les dettes sont faites pour être payées."
Mais le Commissaire européen fait toutefois une distinction entre les différentes dettes.
"Il y a effectivement la dette qui a été accumulée souvent par laxisme et il faudra qu'elle soit remboursée dans les délais impartis et puis il y a cette situation inédite qui est la situation que nous traversons [...] où il s'agit de sauver l'humanité, distingue le Commissaire européen. Et donc là il faut se donner tous les moyens d'un point de vue de la santé et d'un point de vue économique et social."
Si cette seconde dette lui semble tout à fait légitime et qui représente selon les pays entre 20 et 30% du PIB, la Commission va aider les pays membres à la rembourser. D'abord en allongeant les remboursements dans le temps pour la dette contractée au près des institutions européennes.
Une trentaine d'années pour rembourser
"Pour cette dette, ce qu'on va faire nous à la Commission européenne qui prenons une lourde charge, on va avoir des maturités c'est-à-dire des délais de remboursement très longs parce qu'on sauve deux générations, donc la maturité ce sera une trentaine d'années", précise Thierry Breton.
La Commission compte sur des instruments pour alléger le poids de cette dette sans que les Etats membres n'augmentent leur fiscalité ce qui serait néfaste pour la reprise économique.
"On va avoir des ressources propres, par exemple sur le numérique, on n'a pas de taxe actuellement [...] mais une partie importante de cet impôt va être mobilisé pour payer cette dette, assure le Commissaire européen. On parle aussi de la taxe carbone aux frontières. Nous avons l'ambition d'être un continent zéro carbone en 2050 donc les produits qui viendront et qui ne respecteront pas nos normes seront taxés. C'est un impôt qui ne sera pas payé par nos concitoyens européens. On a un certain nombre d'instruments de cette nature et qui vont contribuer sur les 10, 20, 30, 40 ans à rembourser cette dette inédite."
Pas question donc pour les Etats de consacrer une partie des plans de relance au remboursement de la dette.
"Nous voulons qu'une partie de ces plans de relance soient utilisés précisément pour accroître la compétitivité vers les technologies vertes mais aussi vers le numérique qui vont générer des emplois, de la croissance et de l'innovation, estime Thierry Breton. Mais je le redis la dette sera remboursée, on se donnera la maturité qui va bien et les instruments pour le faire."
