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Sur les 178 investissements en France annoncés par Emmanuel Macron depuis 2017, combien ont réellement vu le jour?

Le président français Emmanuel Macron prononce un discours lors du septième "Sommet Choose France", visant à attirer les investisseurs étrangers dans le pays, au Château de Versailles, à l'extérieur de Paris, le 13 mai 2024.

Le président français Emmanuel Macron prononce un discours lors du septième "Sommet Choose France", visant à attirer les investisseurs étrangers dans le pays, au Château de Versailles, à l'extérieur de Paris, le 13 mai 2024. - Ludovic MARIN / POOL / AFP

Beaucoup d'extensions, de nombreux retards, quelques grands ratés mais aussi des usines qui tournent déjà. Bilan des précédentes annonces présidentielles d'investissements en France depuis 2017.

La huitième édition du sommet Choose France, destiné à attirer en France d'importants investissements étrangers, qui se tiendra lundi à Versailles, devrait être de nouveau "historique", espère l'Elysée, en battant les records de projets précédents.

Ceux-ci avaient représenté 15 milliards d'euros l'an dernier, contre 13 milliards en 2023 et 6,8 milliards l'année précédente. L'Elysée a indiqué à la presse avoir "bon espoir de dépasser le chiffre de l'année dernière" et être "en bonne voie" d'y parvenir.

Depuis 2017, 178 annonces d'investissements ont été faites, pour plus de 47 milliards d'euros. Du côté de l'Elysée, on assure que la quasi-totalité des investissements promis ont été réalisés ces huits dernières années. Seules 10 annonces auraient été abandonnées.

Pour autant, si la majorité des projets sont en route, dans les faits peu de sites ont déjà ouvert leurs portes. Il faut savoir que sur ces 178 annonces, la plupart sont des extensions de sites déjà existants. Les créations d'usines, de centres de R&D ou de datacenters ex-nihilo représentent 39 annonces sur les 178 depuis 2017.

Or, selon un décompte de L'Usine Nouvelle, pour l'heure, une quinzaine de sites sur les 39 sont actuellement opérationnels. On peut citer pêle-mêle l'usine de batteries Nidec dans la Loire, le centre de recherche Google sur l'intelligence artificielle à Paris, celui d'Ericsson sur la 5G ou encore l'usine alsacienne de nouilles ramen du coréen Sias ou celle de pain de mie de la société espagnole Vicky Foods.

D'autres comme l'usine géante de batteries du taïwanais Prologium à Dunkerque ou celles de cathodes pour batteries de XTC et Orano ont pris du retard mais sont tout de même en bonne voie pour ouvrir. L'année prochaine pour la première et en 2027 pour la seconde.

Quelques gros ratés

En revanche, certaines très grandes grandes annonces ont déçu les attentes. Comme l'usine de puces géante promise en 2023 en Isère par le franco-italien STMicroelectronics et l’américain Globalfoundries. "Le plus grand investissement industriel des dernières décennies" selon les mots de l'ex-ministre de l'Economie Bruno Le Maire ne donne plus trop signe de vie malgré un gros coup de pouce d'aides publiques.

D'autres exemples peuvent être cités comme l'usine de recyclage Eastman en Normandie (investissement de 1 milliard d'euros promis), celle de Suez et Loop en Moselle (250 millions d'euros) ou encore l'usine d'avions électrique de l'allemand Lilium (400 millions d'euros).

Concurrence asiatique accrue, contexte international défavorable avec la guerre commerciale, ralentissement européen... Les explications sont nombreuses pour expliquer ces couacs.

"Le contexte plus compliqué reflète surtout des difficultés sectorielles. Il est important que l’Europe mette en place les protections nécessaires pour le développement de certaines filières", explique Marie-Cécile Tardieu, la directrice générale de Business France dans L'Usine Nouvelle.

Pour autant, du côté de l'Elysée et de Business France on rappelle qu'il ne faut pas noircir le tableau.

L'an dernier, révèle ce jeudi le cabinet EY, la France a gardé sa première place européenne en nombre d'investissements étrangers pour la 6ème année consécutive, malgré un nombre de projets et d'emplois à la clé en baisse.

Les participants au sommet peuvent à la fois organiser des rencontres avec leurs pairs, mais aussi avec les membres du gouvernement, voire, pour quelques-uns, le président de la République en personne.

Deux cents patrons (BYD, Blackstone, Goldman Sachs, IKEA, BASF, les fonds souverains du Golfe...) ont confirmé leur participation. 40% d'entre eux viennent d'Europe, et 19% des Etats-Unis.

Accent sur le tourisme et le patrimoine

L'édition de cette année est placée sous le thème "France, terre de créativité", en lien avec la cérémonie d'ouverture des Jeux Olympiques, vue dans le monde entier, et la réouverture de Notre-Dame.

Parmi les nouveautés, une séquence sera consacrée aux investissements dans le secteur du tourisme et du patrimoine, une autre à l'attractivité de la France pour la production cinématographique et audiovisuelle, en profitant de la concomitance entre le sommet et le festival de Cannes.

Une table ronde sera réservée aux patrons sud-coréens, tandis qu'Emmanuel Macron participera à deux autres, l'une sur l'Intelligence artificielle, dans la foulée du sommet de l'IA tenu à Paris en février, au cours duquel 109 milliards d'euros d'investissements privés dans l'IA ont été annoncés, et une autre sur la transition énergétique.

Il recevra aussi personnellement le magnat mexicain des affaires Carlos Slim, la présidente du constructeur automobile chinois BYD, Stella Li, et le directeur général de l'entreprise saoudienne Qiddiya.

Outre Versailles, il effectue quatre déplacements en marge du sommet, notamment à la banque américaine JP Morgan ou à l'inauguration du bureau parisien du fonds souverain saoudien PIF.

Frédéric Bianchi (avec AFP)