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Semaine en 4 jours en Allemagne: moins de stress mais des doutes sur la productivité

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Le bilan d'une expérimentation de six mois de la semaine en 4 jours dans 41 entreprises allemandes fait état d'une amélioration de la vie des salariés mais peine à conclure sur l'intérêt pour les entreprises.

Moins de stress, de légers gains de productivité mais encore des interrogations : tels sont les conclusions d'un rapport sur les effets de la semaine en quatre jours en Allemagne présenté ce vendredi. Pendant six mois, 41 entreprises allemandes ont participé à un programme de la société Intraprenör pour réduire le temps de travail, voire instaurer la semaine de quatre jours, demande historique des syndicats du pays. L'université de Münster et l'initiative internationale "4 Day-Week Global", qui s'est exportée dans huit pays, dont le Royaume-Uni, l'Australie ou le Portugal, ont aussi coordonné le projet.

Constat majeur de l'étude allemande: à durée de travail hebdomadaire inchangée, la semaine en quatre jours améliore "significativement" la santé mentale et physique de l'employé. Celle-ci a été suivie pendant six mois par montre connectée, prélèvements capillaires et auto-évaluation.

"Cela contraste avec l'idée qu'avoir la même charge de travail à accomplir en moins de temps pourrait entraîner une augmentation du stress ressenti" par l'employé, juge l'étude.

La productivité en question

En moyenne, les participants éprouvent moins de stress dans la semaine - 178 minutes contre 191 avant le début de l'expérience. Ils font également plus d'exercice physique et dorment en moyenne 38 minutes supplémentaires chaque semaine. Ces "effets positifs" sur la santé sont susceptibles de "réduire l'absentéisme sur le long terme", considèrent les chercheurs.

Les sondés s'estiment légèrement plus productifs, sans que leur charge de travail ne varie dans le même temps. L'étude reste toutefois prudente sur la question de la productivité, et relève d'autres limites. Par exemple, il n'est pas prouvé que la semaine en quatre jours augmente le profit de l'entreprise, réduise les arrêts maladie ou l'empreinte carbone.

En revanche, 39% des entreprises ont décidé d'appliquer la semaine en quatre jours après l'essai et 34% vont poursuivre l'expérimentation. Dans l'échantillon de l'étude, plus de la moitié des entreprises emploient 10 à 50 employés, dans le secteur des services, de la manufacture ou de la construction.

Depuis la crise du Covid, la semaine de quatre jours s'invite régulièrement dans les débats en Allemagne. Elle était au coeur des revendications du syndicat des conducteurs de train GDL lors d'un conflit avec la Deutsche Bahn en mars dernier. Idem dans l'industrie sidérurgique, mais patronat et syndicat se sont plutôt entendus en décembre sur une réduction "collective" du temps de travail de 35 à 32 heures, avec une compensation salariale partielle.

Frédéric Bianchi
https://twitter.com/FredericBianchi Frédéric Bianchi avec AFP Journaliste BFM Éco