Revenu fiscal par habitant: l'écart Ile-de-France/province s'est réduit en 30 ans

Mais cet écart s'est à l'inverse nettement creusé entre les départements de la région francilienne, précise une étude de l'Insee.

Le fossé historique entre franciliens et provinciaux en termes de revenus fiscal par habitant (le revenu net imposable) tend à se combler depuis 30 ans.

Selon une étude de l'Insee, en 1984, cet écart contribuait le plus aux disparités globales. Entre 1984 et 2000, le revenu fiscal par habitant de l’Île-de-France était supérieur d’environ 50% à celui de la province. L’écart se réduit à 33% en 2013 mais remonte à 37% en 2018.

A l'inverse, les inégalités se sont dans le même temps "significativement" creusées au sein des départements franciliens, selon le statisticien "alors qu'elles étaient faibles en 1984".

Indices de revenu fiscal moyen par habitant dans les départements d'Ile-de-France entre 1984 et 2018 © Insee

"En fin de période, elles contribuent même presque autant que les disparités entre l’Île-de-France et la province. En effet, au cours des trente dernières années, les évolutions sont divergentes dans les huit départements franciliens. L’avance de Paris s’accentue, les Hauts-de-Seine et les Yvelines se maintiennent nettement au-dessus de la moyenne nationale. Dans quatre départements (Val-de-Marne, Essonne, Seine-et-Marne, Val-d’Oise), le revenu fiscal moyen se rapproche du niveau national alors qu’il était nettement supérieur à la moyenne en 1984", peut-on lire.

Les écarts se sont nettement creusés en Seine-Saint-Denis

"En Seine-Saint-Denis, où le revenu moyen était initialement le plus faible d’Île-de-France mais proche de la moyenne nationale, le revenu moyen, rapporté à la moyenne de la France métropolitaine, diminue fortement et de façon continue (-30 points sur la période) ; il s’agit de la plus forte baisse de tous les départements français", poursuit l'Insee. En 2018, ce département avait un revenu par habitant inférieur de 25% à la moyenne nationale.

La situation dans ce département s'est particulièrement dégradée puisque depuis les années 1980, le taux de chômage, qui était proche de la moyenne nationale en 1984, y est désormais supérieur de trois points.

"Les nouveaux emplois créés en Seine-Saint-Denis ces dernières années sont souvent occupés par des personnes qui ne résident pas dans le département. Ainsi, le nombre d’emplois dans le département a augmenté de 8,2% entre 2007 et 2017, alors que le nombre d’actifs occupés résidant dans la zone n’a progressé que de 4,6% sur la même période", explique l'Insee.

17 départements où le revenu par habitant est supérieur à la moyenne

Entre les départements de province, les disparités sont plus limitées et restent assez stables au cours du temps. Les contributions des départements de province à ces disparités varient peu durant la période, sauf pour la Haute-Savoie, où le revenu moyen a le plus augmenté.

Inférieur au niveau national en 1984, il est supérieur de 29% en 2018. "Cela s’explique par l’essor du travail frontalier: le nombre de personnes résidant en Haute-Savoie et travaillant en Suisse a plus que doublé au cours des quinze dernières années", peut-on lire dans l'étude.

Plus globalement, en 2018, dans 17 départements, le revenu fiscal par habitant est supérieur à la moyenne nationale. Parmi eux, il y a les départements de la région Île-de-France, sauf la Seine-Saint-Denis et le Val-d’Oise.

À l’autre extrémité de l’échelle des revenus fiscaux, dans six départements, le revenu moyen est inférieur d’au moins 20 % au niveau national. Trois d’entre eux sont situés au nord de la France: le Pas-de-Calais, l’Aisne et les Ardennes. La Creuse et l’Aude sont également dans ce cas, tout comme la Seine-Saint-Denis.

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business