Retraites, libéralisme: que défendait Eric Lombard, le nouveau patron de Bercy avant sa nomination?

Éric Lombard arrive à Bercy. L'ex-directeur général de la Caisse des dépôts (CDC), qui récupère le large portefeuille de l'Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique, est plusieurs fois sorti de la réserve attendue d'un patron de la CDC, puissante institution publique, pour exprimer ses convictions économiques.
Arrivé en 2017 à la tête de la Caisse des dépôts, Éric Lombard, réformiste convaincu, a régulièrement défendu l'idée d'un capitalisme social.
"In fine, le libéralisme profite toujours aux puissants", avait-il notamment écrit dans un essai publié en février 2022, sous le titre "Au cœur de la finance utile. À quoi sert votre épargne?".
Il y citait alors le socialiste Michel Rocard et son grand-père, industriel du textile de Troyes, comme deux figures l'ayant marqué dans sa jeunesse.
"La vive croissance des Trente Glorieuses a aussi été permise parce que les salariés ont largement profité de la richesse créée […]. L'équilibre s'est rompu quand les dirigeants d'entreprises, au lieu de défendre une répartition équilibrée de la plus-value constituée dans l'entreprise, ont pris le parti du capital", y avait-il noté.
Livret A et nucléaire
Invité sur le plateau de BFM Business au moment de la sortie de son livre, Éric Lombard avait assuré que "trop de revenus" étaient "reliés au capital et pas assez au travail". Celui qui est désormais à Bercy avait alors estimé que le capitalisme était "déréglé" et que la répartition des richesses était "trop divergente par rapport à ce qui revient au capital", évoquant l'inflation et la transition écologique, "qui nécessitera de payer plus cher certains services de base".
Déjà pressenti pour Bercy en mai 2022, Éric Lombard avait essuyé quelques critiques lorsqu'il avait soutenu la volonté du camp macroniste d'utiliser l'argent du livret A pour financer la relance du nucléaire. Face aux investissements massifs nécessaires pour construire de nouveaux réacteurs, il avait confirmé la possibilité d'un fléchage d'une partie des centaines de milliards d'euros d'épargne déposés par les Français sur leur Livret A vers ces chantiers stratégiques.
"Il serait logique que l'épargne abondante des Français vienne financer les nouvelles centrales", avait-il déclaré en février 2023. La Caisse des dépôts est gestionnaire d'une partie des sommes déposées sur les livrets A. "On fait aujourd'hui des prêts à 80 ans sur le foncier, pourquoi pas des prêts à 70 ans pour la construction des centrales", avait estimé Éric Lombard, qui a également plaidé à plusieurs reprises pour le gel à 3% du taux du Livret A.
Réforme des retraites
S'il s'est déjà déclaré "en phase avec l'itinéraire et le projet d'Emmanuel Macron", Éric Lombard a toutefois fait valoir des désaccords. Dans son essai publié en 2022, le nouveau locataire de Bercy avait alors critiqué la première version de la réforme des retraites de la présidence Macron, sous le gouvernement d'Édouard Philippe, abandonnée dans le sillage de la crise sanitaire. Il avait notamment regretté la méthode suivie par l'exécutif, déplorant le manque de négociation.
"La réforme était présentée comme un big bang des retraites, alors que des étapes étaient nécessaires pour assurer sa faisabilité technique et son acceptabilité sociale", avait écrit Éric Lombard, comme le rappelle Challenges. Il avait également affiché son désaccord avec l'introduction alors prévue à l'époque, d'un "âge pivot".