Moyen-Orient: la présence américaine renforcée

Ce dernier renforcement fait suite au lancement des opérations israéliennes au Liban. Le pentagone a décidé d’envoyer "quelques milliers" de soldats supplémentaires dans la région, portant ainsi le nombre total à 43.000.
"Nous avons déployé des forces supplémentaires mais nous disposons déjà d'une capacité militaire très robuste", explique John Kirby, porte-parole du Conseil de sécurité nationale.
Depuis le 7 octobre, les États-Unis comptent environ 40.000 soldats déployés dans une douzaine de pays, dont l’Irak, la Syrie et la Jordanie.
En plus des hommes, il y a les équipements. Le porte-avions Abraham Lincoln positionné dans le golfe d'Oman est une véritable ville flottante. Le navire devait rentrer en octobre mais sa mission a été prolongée d’un mois. Un deuxième porte-avions, l’USS Truman est en route après avoir quitté sa base de Virginie, la semaine dernière.
Le sous-marin à propulsion nucléaire Georgia, lui, se trouve lui en mer Rouge. Et puis il y a aussi l’armée de l'air : F-22, F-15, F-16, le nombre d'avions de chasse vient encore d’être augmenté.
Une présence dissuasive
Les experts s’accordent à dire que si la situation est restée relativement contenue avec l'Iran jusqu'ici, c’est grandement grâce à cette présence américaine dans la région.
Les Américains sont aussi là pour protéger Israël. Lors de l’attaque lancée par Téhéran, Joe Biden a donné l’ordre aux bases américaines de défendre de l'État hébreu. Des missiles anti-missiles ont été tirés par des destroyers de l'US Navy.
Depuis le 7 octobre, Washington a aussi déployé davantage de moyens pour protéger les navires marchands. Des cargos pris pour par les Houthis, alliés de l’Iran, depuis le début de la guerre à Gaza. Lundi, la marine américaine a envoyé plusieurs destroyers lance-missiles en mer Rouge.
Mais pour Jean-Loup Samaan, chercheur associé à l’Atlantic Council, "le principal problème auquel est confrontée la Maison Blanche n'est pas la menace des Houthis, mais l'incapacité des États-Unis à rallier leurs partenaires et leurs alliés à leur cause."
Les Américains représentent la plus grande présence étrangère dans la zone.
Protéger les intérêts américains
Des milliers d'entreprises américaines possèdent des filiales et des bureaux de représentation au Moyen-Orient et pas seulement dans le secteur des hydrocarbures. Il s’agit aussi pour Washington de protéger ses ressortissants. Ils sont par exemple 80.000 en Arabie saoudite, 50.000 aux Émirats arabes unis, mais aussi 600.000, souvent binationaux, en Israël.
Les autorités "demeurent concentrées sur la protection des citoyens et des forces américaines dans la région" rassure le Pentagone mais plusieurs experts estiment risquée pour elle-même cette présence militaire. Ils la jugent trop concentrée et surtout trop proche de l’Iran, à la portée désormais de ses missiles balistiques.
Sécuriser ses bases est une priorité pour les États-Unis. Si celles situées au Qatar, en Arabie saoudite ou au Koweït ne sont quasiment jamais prises pour cible, en revanche les troupes américaines basées en Irak ou en Syrie ont fait l’objet de centaines d’attaques ces dernières années.
Les États-Unis sont sur le qui-vive, également, au niveau national. En raison du contexte au Moyen-Orient, le pays "continue de se trouver dans un environnement de menaces élevé" a prévenu hier le FBI, qui appelle la population et les forces de l’ordre à la vigilance.