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Le monde qui bouge

Le nucléaire iranien dans le viseur d’Israël?

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LE MONDE QUI BOUGE. Israël réfléchit toujours à sa riposte après l’attaque de missile survenue mardi. Le programme nucléaire iranien peut-il être une cible?

C’est l’une des grandes craintes de tous ceux qui appellent à la fin de l’escalade. La presse américaine cite des responsables arabes selon lesquels Israël aurait expressément indiqué son intention de frapper directement les installations nucléaires de Téhéran.

Pour le quotidien libanais L’Orient-Le Jour, "Benyamin Netanyahou pourrait se saisir" de l’attaque de mardi pour "réaliser son rêve de frapper" ces sites. Le premier ministre israélien veut depuis des années bloquer la progression du programme iranien.

Il y a ceux qui redoutent que cela se produise et ceux qui appellent l’État Hébreux à le faire. Comme l’ancien Premier ministre israélien Naftali Bennett. Pour lui, il faut agir "maintenant" et détruire les capacités nucléaires iraniennes:

"Le moment est venu. Parfois l'histoire frappe à votre porte et vous devez saisir l'occasion. Si nous ne le faisons pas maintenant, je ne pense pas que l’occasion se représentera", a-t-il déclaré sur CNN.

"La réponse est non"

Les États-Unis disent actuellement se concerter avec Israël pour décider de la nature de la riposte à mettre en œuvre. Joe Biden s’est entretenu avec les dirigeants du G7. Interrogé sur son éventuel soutien à des frappes sur les installations nucléaires iraniennes, il est très clair:

"La réponse est non. Nous discuterons avec les Israéliens de ce qu'ils vont faire. Nous sommes d'accord tous les sept sur le fait que les Israéliens ont le droit de riposter, mais qu'ils doivent répondre de manière proportionnée".

Mais rien ne garantit qu’Israël écoute son allié. Pour Malcolm Davis, de l'Australian Strategic Policy Institute, Benjamin Netanyahou ferait même "l'objet de fortes pressions au sein de son cabinet pour attaquer ces installations nucléaires et faire reculer le programme iranien".

Reste ce que ces cibles sont difficilement atteignables, les composants clés étant enfouis sous terre. Parfois à 80 ou 100m de profondeur comme c’est le cas, selon des experts, du complexe de Natanz, située dans une zone montagneuse. L'installation couvre une superficie d'environ 2,7 kilomètres carrés. Elle est protégée par les gardiens de la révolution et un système de défense antiaérienne.

Caroline Loyer : Iran, le nucléaire dans le viseur d'Israël ? - 03/10
Caroline Loyer : Iran, le nucléaire dans le viseur d'Israël ? - 03/10
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Un taux d’enrichissement élevé

En juillet dernier, Anthony Blinken disait que la situation actuelle n’était pas bonne. Selon le secrétaire d’État américain, à l’époque, l’Iran avait réduit à "une ou deux semaines" le délai nécessaire pour produire des matières fissiles. Ces matières étant le composant indispensable à la fabrication d’armes nucléaires.

Si selon Washington, la République islamique ne possède pas de l’arme nucléaire, l’Agence internationale de l’énergie atomique souligne qu’elle dispose désormais de suffisamment de matière pour trois bombes atomiques.

Dans son dernier rapport, l'AIEA indique que l’Iran est le seul État non doté d’armes nucléaires à enrichir de l’uranium jusqu’à 60 %. Un taux bien supérieur à celui des 3 à 5 % nécessaires pour un usage civil. Pour une application militaire, l’enrichissement doit être de 90%.

Téhéran a particulièrement accru ses capacités depuis le retrait des États Unis de l'accord international sur le nucléaire, décidé par Donald Trump en 2018. L’accord prévoyait de réduire les sanctions économiques américaines contre l’Iran en échange d’une limitation de son programme nucléaire à un usage civil, telle que la production d’électricité.

L’administration Biden a critiqué la décision de Donald Trump. Le texte signé en 2015, sous Obama, fixait la limite de possession d’uranium enrichi à 202 kg. Les stocks iraniens s’établiraient aujourd’hui à environ 5 750 kg, soit 28 fois plus.

Caroline Loyer