En pleine guerre commerciale avec les États-Unis, la croissance chinoise ralentit: le Parti communiste se réunit pour relancer l'économie

C’est le moment politique le plus important de l’année en Chine. Dans le majestueux Palais du Peuple sur la place Tiananmen, à l'écart des journalistes, tout le Parti communiste se réunit pour tracer la nouvelle feuille de route du pays. L’objectif : fixer les priorités du prochain plan quinquennal, cet héritage du communisme toujours au cœur du système chinois. Xi Jinping y reste fermement attaché, convaincu que la planification est la clé pour définir objectifs et priorités à long terme.
Deux axes domineront les travaux : le développement, notamment dans l’intelligence artificielle, l’informatique et les énergies renouvelables, et la sécurité, avec un accent mis sur l’indépendance technologique et la défense.
Une économie à la peine
Ce plénum intervient alors que le climat économique se dégrade. Pékin fait face à une série de signaux rouges, à commencer par les tensions commerciales ravivées avec les États-Unis. Mais le climat économique est aussi morose sur le plan intérieur, avec les investissements étrangers en baisse, la consommation intérieure en berne et le secteur immobilier en crise.
Même la croissance ralentit, à seulement +4,8 % au troisième trimestre, son plus bas niveau depuis un an. Particularité notable, le plénum ne fixera pas d’objectif chiffré de croissance. Officiellement pour éviter les déséquilibres structurels, officieusement par crainte de se fixer un objectif inatteignable et d’exposer la fragilité du modèle actuel.
Au cœur des discussions, une grande question : faut-il continuer à s’appuyer sur les exportations et l’investissement public, ou amorcer un véritable virage vers la consommation intérieure, pour qu'elle tire l'ensemble de l'économie ? Doper la consommation demanderait un immense travail pour Pékin, car la demande des ménages n'a jamais vraiment redécollé après la crise du Covid.
Xi Jinping, funambule du pouvoir
Derrière les considérations économiques, ce plénum est aussi un moment politique majeur pour Xi Jinping. Le président chinois se sait observé, tant à l’intérieur du Parti qu’à l’international. Il doit composer entre l’idéologie communiste affichée et la réalité d’un modèle capitaliste assumé. Jusqu’où peut-il étirer la doctrine pour justifier un modèle “socialiste de marché” tout en préservant la stabilité, socle de la légitimité du régime ?
Ce rendez-vous pourrait aussi lui servir de démonstration de force avant le 21ᵉ Congrès de 2027 — étape décisive pour consolider son pouvoir et sa vision de la Chine à l’horizon 2030.