ÉDITO. Sécurité, compétitivité, convergence: les trois défis de l’Europe

Eclipsé par la désignation du nouveau pape, le texte est passé relativement inaperçu, mais la tribune cosignée par Emmanuel Macron et le nouveau chancelier allemand Friedrich Merz publié jeudi dans Le Figaro mérite tout de même notre attention.
Trois priorités sont mises en avant: sécurité, compétitivité, convergence. Trois chantiers fondamentaux, trois fronts encore largement ouverts.
Une Europe qui veut se réarmer… politiquement
Côté sécurité, la dynamique est enclenchée. L’initiative “ReArmEU” et ses 800 milliards d’euros affichés témoignent d’une volonté de mieux coordonner les efforts de défense sur le continent.
Certes, une partie de ces montants provient du recyclage de plans nationaux pluriannuels, mais le message est clair: l’Europe veut compter davantage au sein de l’OTAN et, surtout, construire les fondations de sa propre autonomie stratégique.
Encore faut-il que ces financements bénéficient aux industriels européens. Le couple franco-allemand insiste à juste titre sur la nécessité d’une “préférence européenne” dans les achats de défense. Mais sur ce point, les États membres restent divisés.
Une compétitivité à reconstruire d’urgence
Sur la compétitivité, les ambitions affichées peinent à masquer les lacunes. La “boussole de compétitivité” d’Ursula von der Leyen a fait long feu. Il est temps de passer à un véritable “reset” économique européen.
L’un des points noirs reste le coût de l’énergie: l’électricité y coûte deux à quatre fois plus cher qu’aux États-Unis ou en Chine.
Face à cela, Macron et Merz appellent à un réalignement des politiques énergétiques, articulé autour de la neutralité climatique, de la compétitivité et de la souveraineté. Louable, mais encore flou: pas un mot sur le nucléaire, pourtant central dans le débat, et un discours calibré autour de l’hydrogène et du gaz naturel.
Quant aux annonces de simplification réglementaire ou de réforme des règles de concurrence, elles vont dans le bon sens, mais manquent d’ampleur. Pendant que les États-Unis foncent, l’Europe avance à pas comptés.
Une convergence politique qui se fait attendre
Sur le terrain de la convergence, les avancées restent timides. Pourtant, 75 ans après la déclaration Schuman, le 9 mai 1950, il est temps d’un nouveau bond en avant.
Deux priorités s’imposent: sortir de l’unanimité pour basculer vers un vote à la majorité qualifiée, et doter l’Union européenne d’un vrai budget commun, en créant un Trésor européen.
Ce serait le second pilier indispensable à l’Union monétaire, trop longtemps restée bancale. Mais sur ce point, la tribune Macron-Merz reste évasive. L’heure d’un saut fédéraliste n’a manifestement pas encore sonné.