EDITO. Choose France: l’inquiétant recul de l’attractivité européenne

Lundi, les grands patrons du monde entier se retrouveront au château de Versailles pour une nouvelle édition de Choose France, le grand show annuel de l’attractivité. Un décor prestigieux, une ambition intacte: faire de la France LA destination privilégiée des investissements internationaux.
Mais la réalité derrière les dorures est plus trouble. Car oui, la France reste numéro un en Europe, pour la sixième année consécutive, selon l’étude EY publiée ce matin. Cocorico donc. Mais un cocorico crispé.
Un podium sur un sol qui s’effondre
Le vrai sujet n’est plus notre classement, mais le terrain de jeu lui-même. Car l’Europe dans son ensemble décroche. En 2024, les investissements directs étrangers (IDE) en France ont chuté de 14%, de 13% au Royaume-Uni et de 17% en Allemagne. Au total, les IDE en Europe sont au plus bas depuis 9 ans, et les créations d’emplois liées à ces projets ont baissé de 15%.
Pire encore: les investissements américains, longtemps moteur de l’attractivité européenne puisqu'ils réprésentent un quart des investissements étrangers sur le Vieux continent, ont été divisés par deux depuis 2021.
Un choc silencieux, mais d'une violence inouïe. Et où sont-ils partis? Chez eux. Aux États-Unis.
Le grand retour de l’Amérique
Car aux États-Unis, l’argent revient à flots: +20% d’investissements entrants en un an. Grâce à quoi? À la stabilité fiscale, aux subventions massives de l’IRA, au coût de l’énergie deux à quatre fois moins élevé qu’en Europe, à une politique industrielle lisible et agressive. Et cette année encore, si l'on croît aux promesses de Donald Trump, ce sera impôts en baisse et dérégulation à tous les étages...
Pendant ce temps, en Europe…
En France, l’énergie chère, la menace de nationalisations façon ArcelorMittal, et surtout la trajectoire explosive de nos finances publiques inquiètent. Le déficit, la dette, la dépense incontrôlée... Ce sont autant de signaux d’instabilité fiscale à venir. Et les investisseurs ne sont pas dupes.
En mars 2024, 70% d’entre eux déclaraient vouloir investir en France. En octobre, en pleine crise budgétaire, ils n’étaient plus que 30%. Le chiffre est remonté à 50% aujourd’hui, mais le mal est fait. Le capital n’aime ni l’improvisation, ni l’incertitude.
Choose France? Oui. Mais jusqu’à quand?
Pendant plusieurs années, Emmanuel Macron a surfé sur une image de réformateur pro-business, moteur de l’attractivité européenne. Aujourd’hui, le souffle retombe. L’Europe rame, et la France rame plus encore. Choose France, oui. Mais pour combien de temps encore, si rien ne change?