S'inspirer du vivant pour accélérer la transition écologique et sociétale grâce au biomimétisme

C’est quoi le biomimétisme ?
La vie est apparue sur Terre il y a 4 milliards d’années ; depuis que l’homme existe, il s’inspire du vivant : on appelle cela le biomimétisme. Les millions d’espèces qui se sont développées durant cette période ont innové, en s’adaptant à leur environnement, pour accéder à l’énergie, se mouvoir, ramper, marcher puis voler…
Le biomimétisme n’est pas le nouveau courant de pensée à la mode ; il se caractérise plutôt comme une philosophie qui consiste à s’inspirer des stratégies du vivant, qu’il a mis du temps à développer par « test and learn » (apprendre de ses erreurs), pour concevoir de nouveaux matériaux ou de nouveaux systèmes, de plus en plus performants à chaque nouvelle tentative.
Si l’homme prend comme modèle les systèmes biologiques, des micro-organismes jusqu’aux écosystèmes, il a alors toute latitude pour réconcilier le développement industriel avec la préservation de l’environnement, en particulier celle de nos ressources et de la biodiversité dont nous faisons partie intégrante. Le biomimétisme se présente alors comme un accélérateur de transition vers des concepts pour concevoir un « monde d’après soutenable ».
La nature sait optimiser : elle a eu 3,8 milliards d’années pour évoluer, s’adapter, survivre. Aujourd’hui, grâce au biomimétisme, l’homme s’inspire de ses stratégies. Les enjeux biologiques viennent épouser les nécessités économiques et durables.
En quoi le biomimétisme représente-t-il une opportunité pour le marché mondial?
Le contexte mondial est plutôt favorable à l’innovation : plus de 700 % de publications scientifiques sur des concepts innovants ont vu le jour en 15 ans, et le dépôt de brevets a connu une accélération majeure. Les 3 principaux enjeux pour déployer le biomimétisme sont les suivants.
Le premier enjeu porte sur la pluridisciplinarité du processus d’innovation biomimétique : les biologistes se retrouvent face aux non-biologistes et ils ne parlent pas le même langage. Les ingénieurs de nos industries, quel que soit leur domaine d’activité, n’ont quasiment jamais, jusqu’à ce jour, été formés au biomimétisme.
Le deuxième enjeu est de taille puisque la donnée produite par les biologistes, qui s’appuient sur 2 millions d’espèces biologiques aujourd’hui décrites, est très riche, mais éparpillée entre les nombreuses publications scientifiques et les plateformes de recherche : l’idée est de rendre accessible cette « Big Data Biologique » aux ingénieurs qui travaillent sur ces données.
Le dernier défi consiste à parvenir à franchir des seuils critiques de maturité technologique, grâce à la fabrication additive ou à l’utilisation de nanomatériaux, par exemple.
Le leitmotiv de Ceebios est de travailler sur ces 3 principaux défis et de faire sauter les verrous technologiques pour innover en s’inspirant du vivant, avec pour mission d’accélérer la transition écologique par le biomimétisme. De façon complémentaire, il faut aussi assurer la formation des ingénieurs dans ce domaine du biomimétisme.
Pourquoi la France a-t-elle réellement une carte à jouer au niveau de l’innovation?
En France, plus de 200 laboratoires travaillent avec Ceebios, ainsi que près de 200 entreprises, adeptes de la démarche. La France héberge par ailleurs 10% de la biodiversité mondiale, trésor unique pour le biomimétisme.
Le carnet de commandes de Ceebios grossit année après année depuis 2014. La prestation d’études de R&D représente 80% de ses revenus (soit près de 1 million d’euros en 2020). Le centre accompagne à ce jour une soixantaine de projets, certains ayant donné lieu à des brevets déposés par ses clients de tout secteur (cosmétique, chimie, automobile, construction…). Il s’agit principalement de programmes de recherche ou de conception de prototypes industriels.
Ceebios est par ailleurs très fier d’être lauréat d’un PIA (le Programme d’investissements d’avenir mis en place par l’État) pour son ambitieux programme BiOMIg « Matériaux bio-inspirés, les matériaux de demain ». Ce programme d’accélération de la R&D et de l’innovation biomimétique pour générer des éco-matériaux performants, inspirés du vivant est piloté en partenariat étroit avec le Muséum national d’Histoire naturelle, riche de près de 70 millions de spécimens, une initiative unique mondiale.
Comment Ceebios se positionne-t-il dans ce contexte ?
Véritable précurseur dans le monde de l’innovation, Ceebios se situe entre le laboratoire de recherche fondamentale et le bureau d’études de R&D ; il se positionne comme catalyseur de l’approche bio-inspirée auprès des acteurs industriels. Depuis 2014, ce centre a pour but de promouvoir la biodiversité pour innover de façon responsable, en fédérant les compétences nationales et en accompagnant l’émergence de projets innovants issus de la bio-inspiration.
Anciennement structuré sous forme associative, le centre est aujourd’hui une SCIC (Société Coopérative d’Intérêt Collectif) à but non lucratif – statut très rare dans les domaines de l’innovation. Les fonds excédentaires sont réinvestis dans des communs, par exemple des plateformes mutualisées.
Ceebios soutient le déploiement du biomimétisme, une approche intrinsèquement pluridisciplinaire impliquant un travail collaboratif entre différentes disciplines dont la biologie et les sciences de l’ingénieur. De façon concomitante, le biomimétisme est une voie d’innovation soutenable intersectorielle pour tous les secteurs d’activité, qui va du bâtiment à l’aéronautique en passant par la chimie, l’énergie ou la santé. Le centre travaille avec des laboratoires de recherche, des collectivités et le monde industriel. L’effectif a triplé entre l’automne 2020 (10 salariés) et l’automne 2021 où l’effectif passera à 30.
Le centre interagit avec des clients pour lesquels il réalise des études techniques et des prestations sur divers projets mais aussi avec des partenaires, avec lesquels des contrats de co-investissement de recherche sont signés. Une même entité, à l’image de L’Oréal, peut ainsi être à la fois sociétaire de la coopérative, partenaire de recherche et client pour des prestations d’études.
Pionnier en matière d’innovation, le centre possède la spécificité d’avoir mis en place une gouvernance interne partagée, organique - comme le vivant -, à l’image de l’entreprise libérée ; avec un système de management horizontal, sans hiérarchie en cascade, son fonctionnement se rapproche plus d’une structure en mode projet, où chaque salarié a un rôle métier et peut être partie prenante d’un processus de décision à son niveau. Ce type de structure, plus couramment rencontrée aux États-Unis ou dans les pays nordiques, permet une plus grande autonomie, un gain d’efficacité et une résilience énorme.
Propos recueillis par Lydia
Ce contenu a été réalisé avec SCRIBEO. La rédaction de BFMBUSINESS n'a pas participé à la réalisation de ce contenu.