Pleins feux sur la gestion d’actifs quantitative

La gestion quantitative des actifs financiers, basée sur des modèles économétriques, souffre-t-elle dans des environnements totalement inconnus, comme celui que l’on vit actuellement avec la crise du Covid-19 ?
En effet, il est possible de modéliser « l’inconnu connu », donc, le risque, mais pas « l’inconnu inconnu ». C’est la première fois que les marchés financiers modernes étaient confrontés à une crise sanitaire globale d’une telle ampleur et cela a entraîné l’apparition d’évènements imprévisibles. L’écart des réactions entre les marchés américains et asiatiques aux mêmes informations s’est ainsi révélé particulièrement atypique. Ces divergences comportementales ont pu produire des effets défavorables sur certains portefeuilles. Il faut alors s’adapter et faire évoluer les modèles afin d’intégrer dans les risques possibles des scénarios de type pandémie, de réactions significativement distinctes d’un continent à l’autre sur des phénomènes globaux, afin d’avoir la capacité de faire face de manière robuste aux prochaines crises. Notre gestion multi-classes d’actifs a de son côté fait preuve d’une grande résilience en 2020.
A quel point la gestion quantitative permet-elle d’éliminer les biais humains liés à une gestion plus traditionnelle des actifs ?
Un pilote d’avion dispose d’un mode pilotage automatique. Toutefois, il est toujours dans l’obligation de reprendre les manettes à un moment donné. La gestion quantitative permet d’être très systématique, notamment dans la manière de gérer la donnée, et de s’affranchir, autant que possible, de ses propres biais comportementaux. Cependant, même si on cherche à exploiter des anomalies de marché qui proviennent des biais comportementaux des acteurs, nous pouvons être, nous-mêmes, porteurs de nos propres biais dans la construction de nos modèles. La démarche quantitative, et c’est l’un de ses grands avantages, cherche, toutefois, à s’affranchir de ces biais, tout en étant en situation de pouvoir traiter une masse d’informations, qu’elle soit financière ou qu’elle ne le soit pas. Il faut souligner que, par moment, l’individu croit déceler une tendance alors qu’il ne s’agit en fait que de bruit (donc de la volatilité). En résumé, la gestion quantitative est une démarche de long terme qui entend extraire, sur la durée, de la valeur issue des primes de risques identifiées comme robustes et résilientes ou de biais comportementaux persistants.
La technologie est un des facteurs explicatifs du succès remporté par la gestion quantitative qui repose sur l’exploitation des données et la puissance de calcul désormais à notre disposition. Dans ce contexte LFIS Capital a noué un certain nombre de partenariats, notamment dans le monde académique. Est-ce cela que vous appelez la gestion quantitative Made in France, et pour quels objectifs ?
La gestion quantitative Made in France revêt, chez nous, trois dimensions. En premier lieu, parlons de nos équipes. Beaucoup de nos gérants sont, en effet, issus des banques d’investissement françaises qui sont porteuses d’une réelle culture autour de la démarche quantitative et des instruments dérivés. Ensuite, l’écosystème français universités/grandes écoles nous permet de recruter des mathématiciens, des ingénieurs, des programmateurs de très haute qualité. Enfin LFIS Capital, boutique de 50 personnes, s’appuie également sur les partenariats que vous évoquiez. Ils peuvent être, effectivement académiques, comme c’est le cas avec le Quantitative Management Initiative (QMI) en partenariat avec la Fondation du risque, Dauphine et l’ENSAE-Paris. Nous collaborons également avec une fintech française sur un programme spécifique lié au Natural Language Processing (NLP). L’ancrage en France de LFIS Capital est un véritable atout, car il y a toujours nécessité de rester à la pointe des évolutions technologiques.
Pourquoi vous être tournés vers le NLP ?
Il existe deux types de données : financières et extra-financières. L’accès aux premières se fait via les bases de données classiques. Les secondes, comme celles typées ESG (environnemental, sociétal, gouvernance) prennent actuellement énormément d’importance et une partie de l’information se trouve dans des articles de presse, sur des blogs, etc. Le NLP va nous permettre de structurer ces informations et d’intégrer ces données dans nos modèles sur chacun des titres afin de pouvoir ensuite nous positionner à l’achat ou à la vente.
Walter GAM, gestionnaire mondial d’actifs d’origine canadienne, est récemment entré au capital de LFIS. Dans quel but ?
En matière de gestion quantitative, le marché nord-américain est celui qui est le plus développé. Nous souhaitons étendre nos activités sur ce dernier, sachant que nous sommes déjà solidement présents au Canada.
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