Mettre l’architecture au service des habitants et imaginer les logements de demain

Pourquoi et comment la pandémie a-t-elle pointé du doigt les logements d’aujourd’hui ?
Jusqu’à présent les logements étaient considérés comme des produits financiers dont la taille ne cessait de se réduire et le prix d’augmenter. Un appartement était conçu de manière à accueillir ses occupants avant et après une journée de travail. Le confinement a mis à l’épreuve ce modèle déjà vieillissant du logement en le transformant en cadre unique de notre quotidien.
La pandémie a également accentué la fracture sociale. Selon les derniers chiffres de l’APUR, 1,8 million de personnes vivent à l’étroit. Dans des logements trop petits, certains individus n’ont pas pu s’adapter au télétravail et ont vécu des situations oppressantes.
Pourtant, le télétravail semble s’être imposé comme un droit dans l’esprit des salariés et il est probable qu’à l’avenir les employés de bureau travaillent depuis leur domicile plusieurs jours par semaine. Il faut donc repenser les logements de demain pour leur redonner de l’espace, de la modularité et un vrai confort de vie.
Qu’elles sont les pistes pour repenser les logements de demain ?
De nombreuses agences, dont la nôtre, proposent des études autour de différents modes d’habiter. Au-delà du travail sur une nouvelle organisation des logements, nous concevons des espaces communs offrant des surfaces à vivre mutualisées disponibles en fonction de besoins ponctuels de chaque copropriétaire. L’appartement devient l’espace de vie au quotidien et il est possible de réserver via une appli une grande cuisine, une grande salle à manger, une chambre, un bureau, un espace extérieur ou d’autres espaces complémentaires (jardins partagés, salles de coworking, etc…) gérés par la copropriété.
Finalement, les habitants ne sont-ils pas au cœur des constructions du futur ?
Tout à fait ! Ce que l’on souhaite par-dessus tout c’est d’être au cœur de la vie et de l’humain. Lorsque nous intervenons sur des projets urbains, nous essayons toujours, en amont de nos projets, d’organiser des réunions publiques pour rencontrer les habitants et comprendre leurs attentes, ce qui permet souvent de désacraliser notre métier. Nous n’imposons rien et construisons ensemble pour partager le projet avec ses futurs occupants.
Nous allons même encore plus loin : récemment, lors de la construction d’une Maison d’Accueil Spécialisée pour des personnes en situation de polyhandicap, nous avons organisé des ateliers solidaires (maçonnerie, peinture, électricité…) afin de partager avec eux la construction du projet et les aider à mieux vivre les changements de repères liés à leur futur lieu de vie. Ces moments d’échanges nous ont beaucoup appris sur leur appréhension de l’espace et les contraintes de fonctionnement de leur quotidien.
Qu’en est-il du défi environnemental des constructions du futur ?
Le premier confinement nous a montré que la nature reprenait vite ses droits lorsque le taux de pollution atmosphérique baissait. Il est donc urgent de redonner une place à la nature dans nos projets urbains et architecturaux et d’arrêter la surconstruction.
Le défi de la réduction du bilan carbone passe par la rénovation du parc de logements existant, car 85% à 95% des bâtiments existants seront encore en usage en 2050.
En ce qui concerne les constructions neuves, il faut étudier la conservation des bâtiments existants pour éviter leur déconstruction totale ou partielle et assurer un meilleur bilan carbone des opérations.
Au-delà des habitations, nous avons tellement pris à la nature en bétonnant sans scrupule nos espaces urbains que nous avons détruit les équilibres écologiques indispensables à notre vie. Il faut absolument penser nos futurs projets « donnant-donnant » : nous reconstituons la surface de sol pris à la nature avec des surfaces de nature créées sur le bâtiment (terrasses plantées, patios, jardins partagés, etc..)
L’agriculture urbaine doit aussi devenir un élément majeur dans la conception de certains quartiers, à la fois pour une meilleure autonomie alimentaire, mais aussi pour un meilleur bilan carbone de l’acheminement des denrées.
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