Bio-GNL, une filière française en construction

La filière française du bio-GNL est-elle en voie de construction ?
La filière française du bio-GNL est actuellement en construction. Rappelons que le bio-GNL est issu du biogaz lui-même constitué de méthane et de CO2. Jusqu’à aujourd’hui, toute la réglementation et les incitations économiques fiscales se sont portées sur le biométhane gazeux injecté dans le réseau gazier français et non sur le bio-GNL qui se présente sous forme liquide et qui peut donc être transporté en dehors d’une structure reliée à un réseau de gaz. Dans le cadre de la loi LOM (loi d’orientation des mobilités), un décret devrait voir le jour en cette année 2021 afin de créer des mécanismes d’incitation à l’utilisation du bio-GNL comme carburant liquide, notamment à destination des transporteurs routiers sur de longues distances. Le décollage de la filière du bio-GNL sur le marché français est en grande partie soumis à de telles évolutions.
Qu’en est-il de l’articulation du dossier avec le développement des territoires ?
Le bio-GNL est un produit qui concerne directement la filière agricole puisqu’il est produit à partir de la méthanisation de la biomasse ou des déchets organiques. Sa production peut donc déboucher sur la création d’une nouvelle activité pour les agriculteurs et donner donc un nouveau souffle aux territoires agricoles. En effet, à travers une production de cette nature, on peut imaginer la création d’une station de distribution de bio-GNL à destination des poids lourds située à la croisée de plusieurs sites. On privilégie ainsi les circuits courts puisque ce qui est produit est utilisé sur le territoire.
Quel bilan faites-vous de la station de production de bio-GNL que vous avez créée en Irlande du Nord ?
Cryo Pur produit en continu du bio-GNL sur le site de Greenville Energy en Irlande du Nord depuis janvier 2018. Et c’est un réel succès. Il s’agit de la première installation au monde à produire du biométhane liquide sur une exploitation agricole. Elle fonctionne 24h/24 et 7j/7. Sa capacité est de 3, 4 tonnes par jour de bio-GNL. L’installation fournit des industries locales en une énergie stockable et renouvelable. Outre son efficacité dans la production de bio-GNL y compris à petite échelle, la technologie Cryo Pur, grâce à l’intégration dans un même procédé de l’épuration cryogénique du biogaz et de la liquéfaction du biométhane, permet aussi la production (5 tonnes par jour) de bio-CO2 liquide à un haut niveau de pureté. C’est la particularité de notre entreprise de valoriser l’ensemble des composantes du biogaz en deux produits, ce qui n’est pas du tout le cas des structures spécialisées dans l’injection de biométhane dans le réseau puisqu’elles ne récupèrent pas aujourd’hui le CO2 qui est alors rejeté dans l’atmosphère.
Allez-vous créer d’autres sites semblables ?
Nous avons un autre projet en cours de réalisation. Il se trouve en Norvège. Son démarrage effectif est prévu pour août 2021. Le site devrait produire jusqu’à 8 tonnes par jour de bio-GNL sous forme de carburant à destination des transports routiers (camions) et maritime, et 11 tonnes par jour de C02 liquide. Des projets sont également en cours de négociation en France et en Europe.
En matière de transition énergétique, faudrait-il une politique européenne unifiée ?
Comme vous le savez, chaque directive européenne fait l’objet d’une transposition dans chaque droit national et est adaptée à ses spécificités. Cela explique en grande partie qu’il n’y a pas d’approche unifiée sur le dossier de la transition énergétique à l’échelle de l’Europe où chaque pays avance à des rythmes différents. On peut bien entendu le déplorer, mais c’est la réalité à laquelle nous devons faire face actuellement et à laquelle nous nous adaptons pour poursuivre notre développement.
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