Quelles solutions pour décarboner en contexte de crise ? Trois fournisseurs en débattent

« Après la crise énergétique qu’on a connu l’année dernière, de nombreuses réglementations ont changé, les acteurs du marché ont été sensibilisés aux questions d’économies d’énergie. Cela a mis en avant le monde du CVC (chauffage, ventilation, climatisation, ndlr), et toutes nos solutions de régulation de chauffage », estime Sophie Le Moal, Directrice d’Airzone, entreprise spécialisée dans la régulation intelligente, par zone, du chauffage et de la climatisation des locaux.
« La sobriété énergétique est la première étape pour un projet de décarbonation dans la durée. La réflexion sur les besoins et les usages est une condition nécessaire à la construction d’un projet durablement bas carbone », rappelle pour sa part Ahmed Guenaoui, Fondateur de Nautilus, cabinet de conseil spécialisé dans la transition énergétique.
« Plus que jamais il faut faire des économies d’énergie. Il faut rénover l’ensemble de nos bâtiments en France et ailleurs pour diminuer la facture énergétique. A partir de ce constat, il faut mettre tout en œuvre, sur une durée longue pour que ça s’inscrive dans les têtes de chacun, consommateurs, producteurs et Etats », juge Ivan Glevarec, Fondateur d’Ecoway Partners, mandataire sur le dispositif des Certificats d’économies d’énergie.
Une prise de conscience collective
L’actuel contexte de crise a favorisé l’émergence d’une prise de conscience collective. « Tout le monde a été bien informé de la nécessité de faire attention. Cet hiver, la crise énergétique a vu l’Etat passer des messages quant à la limitation de la température dans les bâtiments résidentiels et tertiaires. D’où la nécessité de réguler les systèmes de chauffage », explique Sophie Le Moal.
A court ou moyen terme, la guerre en Ukraine risque toutefois de nous éloigner des objectifs. Le réinvestissement dans les centrales à charbon, par exemple, a de quoi inquiéter de ce point de vue. « Cette guerre est un malheur, qu’il est difficile d’utiliser comme un prétexte positif ou négatif. Mais cette circonstance a amené l’Europe, les Etats-Unis et d’autres parties du monde à se poser une vraie question sur la souveraineté énergétique et la disponibilité des sources d’énergie, relève au contraire Ahmed Guenaoui. Cela a paradoxalement accéléré l’agenda des énergies renouvelables et de la décarbonation. Mais il est vrai que, dans l’urgence, cette guerre a amené une nécessité de réagir qui a pu passer par la réactivation de ressources de production carbonées. »
Le contexte pousse en effet à parer au plus pressé. « Nous sommes confrontés à des problématiques énergétiques dus à différents facteurs. A partir de cet instant, on exporte du gaz de schiste, par exemple, il n’y a rien de pire pour la planète. On essaye de faire face. Nos centrales sont un petit peu vieillissantes, mais heureusement tout de même qu’elles sont là, même si je ne suis pas 100% pour le nucléaire », nuance Ivan Glevarec.
De contrainte punitive à positive…
Eviter que la sobriété énergétique soit perçue comme une contrainte punitive, tel est l’un des enjeux. « La sobriété énergétique était mal perçue par la population, elle signifiait à ses yeux un nouveau sacrifice », reconnaît Sophie Le Moal, qui estime aujourd’hui ce débat dépassé. « On a désormais la possibilité de faire de la sobriété énergétique sans perdre son confort. On peut même gagner en confort ! Nous n’avions pas le même discours il y a un an et demi. Les entreprises nous écoutaient mais nous disaient qu’elles n’avaient pas besoin de changer. Aujourd’hui, elles nous rappellent, nous disent que la facture est passée de 2 à 8 millions d’euros et nous demandent quelles sont nos solutions ! Cette urgence nous met naturellement en avant. »
Ahmed Guenaoui abonde dans le même sens : « C’est exactement ce que je constate du côté du développement de projet. Aujourd’hui, passez-moi l’expression, la facture est le juge de paix. On se rend compte du coût de l’énergie, et du fait qu’on ne pourra pas l’utiliser éternellement. Dans les efforts de sobriété, on pense tous spontanément au col roulé mentionné par un ministre, mais la sobriété énergétique c’est avant tout arrêter de gaspiller. »
Equiper, financer, conseiller
AirZone promet des économies via la régulation de la consommation d’énergie. « Les économies permises par AirZone dépendent d’abord de l’isolation et de l’âge du bâtiment. Mais l’ADEME estime que l’on peut économiser en régulant entre 15 et 35% de la facture énergétique, précise Sophie Le Moal. On a aujourd’hui la capacité à moduler la puissance des machines et leur consommation. AirZone s’est donné pour but de parvenir à un équilibre entre qualité de vie et durabilité. Nos solutions sont abordables, rapides à installer, et simples d’utilisation. »
Ecoway Partners a été créé il y a trois ans, en pleine pandémie, pour aider les clients à financer leurs projets de rénovation énergétique. « Nous avons, pour ce faire, passé des accords avec des énergéticiens, nous en sommes devenus les mandataires, afin de pouvoir obtenir des primes à toutes rénovations énergétiques, et sur tous marchés, du tertiaire au résidentiel, en passant par l’industrie, l’agriculture mais aussi les transports, explique Ivan Glevarec. Nous sommes implantés dans l’Oise, non loin de Paris, et avons développé un réseau d’installateurs sur toute la France et dans les DOM-TOM. L’idée générale est de pouvoir répondre à leurs clients, puisque nous travaillons en BtoBtoB ou BtoBtoC. »
Face au maquis des aides, les entreprises ont plus que jamais besoin d’un tel conseil. « On va monter des dossiers, les coordonner, former des installateurs, les accompagner et en avance les préparer à cela. Ils vont ensuite faire un devis selon la fiche sur laquelle nous avons travaillé, détaille Ivan Glévarec. C’est un marché compliqué, que j’essaye, avec mon entreprise et mes salariés, de simplifier. Chaque document est préparé en amont pour nos installateurs, afin qu’ils aient cette facilité de compréhension avant même de travailler. Aucun document ne sera signé sans notre validation. Cette méthode permet de gagner 15 jours à terme, et à chaque artisan d’être payé plus vite. »
Cabinet d’un genre nouveau, pure player dans la transition énergétique, Nautilus agit dans une optique de décarbonation à long terme. « Nous travaillons sur des projets d’énergies renouvelables, de performance énergétique et de décarbonation, avec l’idée de valoriser à long terme et de « dérisquer », qu’il s’agisse d’un patrimoine immobilier, d’un territoire donné ou d’un ensemble de sites particuliers. Notre approche est fondée à la fois sur une expertise technique, impliquant des développeurs, ainsi qu’une compréhension très fine de la réglementation et du financement de ce type de projet », explique Ahmed Guenaoui, avant de conclure en détaillant sa méthodologie.
« Nous identifions des clients qui ont des besoins, nous leur proposons des solutions (cela va du solaire en toiture à de la mobilité électrique, en passant par de la chaleur renouvelable). On va packager un projet avec différentes infrastructures, le développer avec un développeur qui va faire la conception, l’exploitation et la maintenance et amener des investisseurs. »
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