Les laboratoires de biologie indépendants à l’épreuve de la financiarisation du secteur

Comment expliquez-vous le mouvement de concentration à l’œuvre dans votre secteur d’activité depuis quelques années ?
Il y a plus d’une dizaine d’années, un changement de législation a autorisé, entre autres, l’entrée des financiers dans le capital des laboratoires. Cela a transformé progressivement le paysage de la biologie avec une accélération ces dernières années, mouvement qui s’est renforcé suite à la crise du Covid-19. Au total, nous sommes passés de 4000 SEL (Société d’exercice libéral) en 2010 à un peu moins de 400 actuellement. Aujourd’hui, 70 % du marché est constitué de 6 groupes contrôlés par des fonds de pension ou fonds d’investissements étrangers (ce que j’appelle les laboratoires financiers). Les 30 % restants regroupent des laboratoires de biologie médicale indépendants dont les deux-tiers sont fédérés dans un réseau nommé « Les biologistes indépendants » dont OuiLabs est l’un des membres fondateurs.
Le groupe OuiLab lui-même,est né en 2019 du regroupement de trois acteurs historiques. C’était unir ses forces ou mettre la clé sous la porte chacun de son côté ?
Le marché est aujourd’hui déflationniste. Nous disposons d’une enveloppe budgétaire fixe déterminée par les pouvoirs publics. Dans le même temps, nous sommes dans un environnement marqué à la fois par une augmentation et un vieillissement de la population qui entraînent une hausse de la consommation de services de santé pour un budget qui nous est fixé. En conséquence, les tarifs de la biologie diminuent en raison de cette enveloppe contrainte. Cet état de fait oblige les laboratoires à se développer. C’est pourquoi, en 2019, nous avons créé OuiLab, leader régional dans le quart nord-est de la France. Aujourd’hui, nous poursuivons notre expansion et offrons nos services en région parisienne, tout en nous renforçant sur notre région d’origine.
Quels avantages vous procurent le fait d’être indépendant ?
Nous sommes autonomes en termes de stratégie et disposons de beaucoup plus de flexibilité sur le terrain. Les contraintes budgétaires imposées par les fonds de pension aux laboratoires qu’ils contrôlent sont sans commune mesure avec les nôtres. De notre côté, 24 % d’EBE nous suffisent, contre 34 % du côté des laboratoires financiers. Cet écart de 10 points nous permet de proposer une qualité de services supérieure et une réelle proximité avec les patients.
Quels sont les domaines d’investissement qui, pour vous, sont essentiels afin de préparer le futur ?
Il y a d’abord la nécessité de se structurer autour de plateformes régionales automatisées qui permettent de rendre plus rapidement les résultats aux patients et de répondre au plus juste à nos partenaires prescripteurs. Côté innovation, les investissements en matière de génétique sont essentiels pour l’avenir du groupe, comme le séquençage à haut débit ou bien encore la biologie moléculaire.
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