Les communications laser à l'horizon

En quoi consistent les activités de Cailabs, et à quels besoins répondent les technologies et applications que vous développez ?
Cailabs développe, fabrique et vend des composants optiques innovants. Nous sommes très bons dans la gestion de la forme de la lumière. Nous avons démarré avec un laboratoire parisien, en nous appuyant sur des dizaines d'années d'expertise, et ensuite nous avons continué à accumuler de l'expertise industrielle autour de ces sujets. Tous nos produits sont basés sur cette capacité à très bien gérer la forme de la lumière. Nous travaillons sur un certain nombre de gammes, et comme beaucoup de deep tech, nous avons le même cœur de technologie, mais dans différents cas d'usage. Nous avons un produit très mûr pour les réseaux locaux, que nous avons commencé à utiliser pour la communication sur fibre optique, pour faire passer tous les débits futurs. Les vieilles fibres optiques ont du mal à faire passer plus d’1 gigabit par seconde sans saturer. C'est à peu près le niveau de débit auquel le réseau local s'arrête, et nous avec notre composant, nous proposons une vitesse de circulation des données jusqu’à 1000 fois plus rapide sur les fibres existantes, pour atteindre du 10 Gb/s voire du 100 Gb/s. Ce que ce type de composant peut faire est assez impressionnant. La gamme de produits AROONA est la plus mûre qu'on ait aujourd'hui.
Quelles autres gammes proposez-vous ?
Nous avons la gamme CANUNDA en pleine progression actuellement, elle concerne tout ce qui est lié à la soudure, la découpe et l'impression 3D. Il s'agit de mettre en forme le faisceau des lasers industriels. : c'est un peu comme si nous changions une mèche de perceuse, selon la matière que nous percevons. Là on change la forme du laser pour booster la qualité et la vitesse des procédés d’usinage. C'est une activité où nous sommes passés du mode projet au mode produit.
Et ce qui est en train de faire un boom, c'est tout ce qui a trait à la communication laser, au travers de l'atmosphère. Un laboratoire japonais a réalisé qu'en prenant le produit que nous avions développé pour les Télécoms et en l'appliquant à la communication optique dans l'atmosphère, nous arriverons à résoudre un gros problème : la turbulence. TILBA permet d’améliorer la fiabilité des liaisons, qu’elles soient satellitaires, navales, aéronautiques ou terrestres.
Quels sont les enjeux sur ce marché ?
L'enjeu est d'aller aussi vite que possible vers des validations de liaisons complètes dès 2022, pour envisager un déploiement massif en 2024 et 2025. Tout ce qui se passe aujourd'hui dans les satellites, c'est essentiellement de la radiofréquence, mais la radio atteint ses limites à un certain niveau, notamment avec un problème de congestion du spectre. Vous ne pouvez pas avoir deux flux de radio au même endroit sur la même bande de fréquence, car ils vont se brouiller l'un l'autre. Il y a également un problème de débit qui atteint ses limites, et il y a des enjeux de souveraineté, car la radio est quelque chose de relativement interceptable et brouillable, ce qui est problématique pour les acteurs étatiques ou militaires.
Tous les acteurs existants sont de taille conséquente et experts de la radio, avec un marché colossal où il y a une sorte de consensus selon lequel le laser va commencer à prendre sa part dans les dix prochaines années. La question, c'est comment est-ce que les grands acteurs du secteur, dans ce domaine, vont accompagner ce pivot. Certains sont assez précurseurs, d'autres veulent vendre de la radio le plus longtemps possible, car ils ne sont pas sûrs de retrouver dans le laser la position dominante qu'ils ont sur la radio. A notre plus petite échelle, nous avons également un rôle à jouer : accompagner cette transition et essayer de l'accélérer, nous y croyons beaucoup. Si nous parvenons à amener du 100 gigabits par seconde depuis un satellite vers le sol, cela ouvrirait des cas d'usage sur l'observation de la terre qui sont magnifiques, pour la distribution de clés, de data, par le biais de satellites, cela donne la capacité d'un réseau de télécoms dans l'espace.
Vos clients sont-ils essentiellement dans le domaine de la Défense ?
A ce stade, les clients étatiques souverains sont précurseurs, parce que pour eux, il y a plusieurs avantages. Il y a le bénéfice de la protection de la donnée, qui se conjugue avec le bénéfice du débit. En revanche, les acteurs avec lesquels on discute ne sont pas que ces seuls acteurs souverains. Ce sont essentiellement les industriels qui vendent tout autant aux civils qu'aux souverains, et qui travaillent avec nous pour développer leurs solutions, en France et à l’étranger. Nous faisons partie du Plan de relance spatial du CNES (Centre national d'études spatiales) dans lequel on retrouve tous les acteurs du spatial. Vous avez Safran, Thales, Airbus, qui ont chacun un bloc. Nous travaillons aussi avec l'agence spatiale allemande (le DLR), et globalement il y a beaucoup de sujets qui avancent. Nous sommes une sorte de poisson pilote, qui va explorer, prendre des risques de façon plus agile, se focaliser sur un sujet donné, faire des prototypes. Et quand il s'agira de produire de gros volumes, nous réaliserons des partenariats avec de grands groupes. Notre but est d'accompagner cette transition, de développer et d'industrialiser.
https://www.cailabs.com/produits/tilba/
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