GIM : l’industrie francilienne entre ambition et transformation

Quelle place l’industrie occupe-t-elle en Ile-de France ?
Aujourd’hui l'Ile de France représente 17 % de la valeur ajoutée et 20 % des emplois de l’industrie en France. C’est ainsi la première région industrielle du pays qui, pour la seule branche métallurgie, emploie plus de 300 000 salariés. La typologie des entreprises de notre branche se partage entre des grands groupes et un tissu important de PMI modernes, performantes, et qui préfigurent ce que sera l’industrie demain. L’industrie est donc bel et bien présente en IDF (automobile, aéronautique, construction navale et ferroviaire, fonderie, équipement électriques, mécaniques, …) et les enjeux qui lui sont liés sont éminemment stratégiques pour la région et notre pays.
L’industrie peut avoir du mal à attirer les talents. Comment remédier à cette situation ?
Au GIM, nous nous sommes toujours préoccupés de la promotion des métiers industriels. Aujourd’hui, nous faisons le constat suivant : plus nos métiers sont présentés tôt aux jeunes (dès les classes de 6eme et de 5eme), plus les chances augmentent de les attirer vers l’industrie. Quand vous ouvrez les portes d’une usine et faites découvrir ces métiers, il est très rare de ne pas susciter d’enthousiasme. Pourtant, l'industrie est encore trop souvent vue comme un choix par défaut. D’où l’obligation, pour casser ces idées reçues, de s’adresser également aux parents et aux enseignants (voir l’initiative For Industrie). Il est aussi nécessaire de valoriser l’apprentissage des matières scientifiques auprès des nouvelles générations : nos entreprises industrielles, de plus en plus innovantes et technologiques, ont besoin de compétences pointues, et cherchent de plus en plus d’ingénieurs-docteurs.
Les jeunes générations sont particulièrement attentives aux valeurs portées par les entreprises. Comment l’industrie française, notamment en Île-de-France, contribue-t-elle à la réduction des émissions de CO2 ?
Comme tous les secteurs économiques, l’industrie est à l’image de la société : quand il était nécessaire de produire en masse, l’industrie produisait en masse. Aujourd’hui, face à l’urgence écologique, nous devons mieux gérer les ressources, donc l’industrie gère les ressources. Décarboner, ça a du sens, et l’industrie y contribue au quotidien, avec des émissions de CO2 en France qui pèsent peu face à d’autres secteurs, comme le logement et les transports. Il existe cependant une limite en ce sens où la décarbonation se doit d’être compétitive, et ne pas prendre le risque d’exclure les entreprises de leur marché (par exemple en cas de prix de l’électricité trop haut face au gaz naturel redevenu bon marché). Dans ces conditions, la décarbonation devient un réel élément de différenciation, et la France possède un véritable atout avec le nucléaire.
Qu’en est-il des avancées vers l’industrie du futur ?
L’industrie du futur utilise des solutions numériques pour fabriquer des produits sur-mesure.En résumé, l’industrie du futur permet de gérer les ressources en permettant de les utiliser au plus juste grâce à personnalisation de la production. Elle est donc également un atout en matière de développement durable. L’industrie se rénove en transformant ses métiers, la production requiert des profils pointus en informatique, à tous niveaux. Prenons par exemple la maintenance prédictive : au lieu de programmer des arrêts tous les deux ou trois ans, les équipements fonctionnent en permanence sauf quand leurs capteurs et appareils de mesure font détecter des besoins d’intervention grâce à l’analyse de données via le big data : de quoi améliorer la compétitivité puisque les arrêts ne se produisent qu’en cas de nécessité et de façon programmée.
Quel regard portez-vous sur la thématique de la réindustrialisation de la France ?
J’ai la conviction que l’on ne fera pas revenir les productions délocalisées à l’étranger vers la France, ou alors de manière marginale. C’est pourquoi il est important d’accompagner les entreprises industrielles toujours présentes dans l'Hexagone que tous les acteurs concernés - décideurs économiques, politiques, etc. - se préoccupent de structures qui existent pour les aider à se moderniser. En Ile-de-France, les entreprises ont des coûts salariaux et fonciers élevés, et exercent avec de nombreuses difficultés opérationnelles. Pourtant, ces entreprises s’en sortent : en IDF, il existe une de nombreuses écoles d’ingénieurs et de lieux de formation de haut niveau qui assurent à la région ses capacités en matière de R&D. Les PMI d’Ile de France ont survécu à des crises successives, elles ont su être innovantes et rester compétitives. Certaines, avec 45 salariés, exportent 80 % de leur production : c’est remarquable.
La rédaction de BFM Business/BFMTV/RMC/RMC Sport n'a pas participé à la réalisation de ce contenu en partenariat avec Scribeo. La consultation du présent article est notamment soumise aux CGU de Scribeo.