Augustin de Romanet: "Mon métier c'est de satisfaire le passager"

Dans le Terminal 1 de l’aéroport Roissy Charles de Gaulle, fraîchement rénové, Augustin de Romanet s’est installé sur une banquette en cuir marron. 'La décoration Art Déco est inspirée du livre d'Hemingway "Paris est une fête"' explique-t-il. Calme, mesuré, il maîtrise son discours et ne laisse rien paraître de ses émotions. C’est que cet énarque a eu le temps de s’entraîner.

Il naît en 1962 dans une famille noble. Alors que sa fratrie choisit 'la voie religieuse', lui décide d’entrer dans la fonction publique. Ses études supérieures sont à l’image de sa carrière: sans fautes, sans vagues. Sciences-Po, l’ENA et puis, fraîchement diplômé, en 1986, il intègre le ministère de l’Economie, des Finances et de l’Industrie. 'Je me définirai comme quelqu’un qui, dès son plus jeune âge, a considéré que le bien le plus précieux des sociétés c'était la paix' se rappelle-t-il. Il y explore différents postes avant de rejoindre, en pleine cohabitation, les cabinets ministériels du gouvernement Chirac en 1995.
Un parcours exemplaire
Retour au Budget, second passage auprès de Jacques Chirac et, en 2004, il intègre le cabinet du Premier ministre Jean-Pierre Raffarin en tant que directeur adjoint, son 'expérience la plus riche'. En 2005, il passe par la case Elysée, encore une fois en tant que directeur adjoint, mais du président de la République cette fois-ci. Bien que loin des cabinets, ses idées politiques et son engagement sont toujours présents: "Je suis profondément libéral" lance-t-il.

Après quelques expériences dans le privé, il est nommé, par décret du Conseil des ministres, Président des Aéroports de Paris (ADP), en 2012. "Mon métier c'est de satisfaire le passager" confie-t-il. Son grand chantier ces dernières années, c’était la rénovation d’une partie du Terminal 1 de Roissy Charles de Gaulle, mission désormais achevée, mais également un projet de terminal VIP pour les jeux olympiques qui sera "le plus beau du monde". L’aéroport, c’est la première chose que les touristes et athlètes verront de Paris. "Nos équipes ont beaucoup de pression, j'ai beaucoup de pression", mais "nous sommes conscients de la responsabilité" tranche-t-il.
"Il faut moins prendre l’avion"
La pression, le président de l’ADP sait la gérer. En plein crise écologique, alors que les avions sont accusés d’aggraver largement la situation, il prend position, presque contre son camp. "Il faut moins prendre l’avion" martèle-t-il. Car "si on ne modère pas l'usage de l'avion dans les pays développés, on ne peut pas boucler avec les attentes de l'accord de Paris" rappelle le chef d'entreprise. Pour lui, à l’horizon 2030, "l’aéroport zéro carbone, c’est possible".
Passionné d’histoire, Augustin de Romanet a de multiples casquettes: il est également président du château de Chambord, un "joyaux public" qu’il est "hors de question de privatiser". Réservé, maitrisé, l’homme derrière le président n’apparaît jamais. C’est peut-être ça le secret de cet éternel bon élève?