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Prix des matières premières, une simple accalmie?

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La 37ème édition du rapport CyclOpe vient d'être publiée ce mardi, alors que les cours des matières premières connaissent une accalmie depuis quelques mois. Mais tout danger n'est pas écarté estiment les auteurs.

Guerre en Ukraine, conjoncture économique, conditions climatiques... toutes les crises ne sont pas derrière nous pour les auteurs du rapport CyclOpe, la bible annuelle qui tire un bilan sur le marché des matières premières.

En 2022, c'est d'abord le cours du gaz qui a animé l'année. Avec le déclenchement de la guerre en Ukraine et la crainte d'une crise énergétique majeure, ses prix se sont envolés à plus de 280€/MWh. Mais après un hiver clément, l'Europe arrive à se passer du gaz russe. Les prix du gaz ont ainsi largement chuté depuis le début de l'année. Ils touchent même un plus bas en deux ans à la mi-mai. Une chute qui devrait se poursuivre en 2023 selon le rapport.

Tensions sur les matières premières agricoles

Au-delà du gaz, c'est l'ensemble du marché des matières premières agricoles qui s'est affolé en 2022. Depuis un an et demi, le prix du cacao a grimpé de plus de 20%, la hausse est supérieure à 40% pour celui du sucre. Pour le maïs, la décrue est enclenchée, alors que son prix avait augmenté de 40% l'année dernière.

C'est sans doute le marché du blé qui a été le plus affecté. Son prix a grimpé de 80% au cours de l'année, la tonne s'est négociée jusqu'à 470 euros à Paris, alors que les exportations ukrainiennes étaient bloquées par l'invasion russe. L'accord signé entre les deux pays a depuis largement détendu les cours, retombés mi-mai sous 250 euros la tonne.

Le calme avant la tempête

Mi-2023, l'heure est donc à la détente. Mais les cours sont dans une situation de "calme avant la tempête" affirme Phillipe Chalmin, l'un des auteurs du rapport, dans un entretien à l'AFP. En 2023, c'est particulièrement le prix du riz qui l'inquiète. CyclOpe prévoit une hausse de 17% du cours par rapport à 2022. La faute notamment à des quantités disponibles à l'export de plus en plus réduites. L'Inde, par exemple, devrait délivrer 5 millions de tonnes de riz en moins sur le marché mondial cette année.

Alerte à suivre sur le cuivre

L'autre nuage à l'horizon se situe sur le marché des métaux. La transition énergétique va accélérer la demande, de quoi craindre des "situations de pénuries, à partir de 2025-2026, et certainement aux alentours de 2030", indique Philippe Chalmin.

Face à l'urgence de l'électrification, le cuivre, métal conducteur, va jouer un rôle crucial. Si des stocks importants ont récemment permis de faire chuter son prix, la demande devrait exploser alors que les projets d'extraction manquent et que sa production est très concentrée. En particulier au Pérou et au Chili, deux pays instables qui pèsent aujourd'hui 40% de la production du métal rouge.

Léo Dumas avec AFP