Prix alimentaires: les distributeurs convoqués jeudi à Bercy

Pour tenter de lutter contre la spirale inflationniste dans les supermarchés, Bruno Le Maire et Olivia Grégoire ont convoqué les distributeurs jeudi 11 mai à Bercy, selon les informations de BFM Business. Une seconde réunion avec les industriels est prévue "dans un second temps", à une date qui reste à définir, selon Bercy.
Le ministre de l'Économie et sa collègue déléguée aux PME et au Commerce souhaitent que des négociations soient rouvertes avec les industriels afin de répercuter le plus rapidement possible les récentes baisses des coûts de certaines matières.
Les industriels sous pression
Des industriels et des distributeurs, ce sont bien les premiers qui sont le plus sous pression puisque Bruno Le Maire les accuse explicitement de ne pas faire assez d'effort. "Il faut que les industriels participent à la baisse des prix," a-t-il dit sur Franceinfo mercredi. "Les prix de gros de certains produits, comme le blé, ont diminué et les entreprises agroalimentaires doivent le répercuter", a-t-il martelé.
Un point de vue partagé par la grande distribution, à l'image du patron de Système U, Dominique Schelcher. "J'appelle à la réouverture des négociations car un certain nombre de matières premières sont à la baisse depuis plusieurs mois", a-t-il affirmé sur l'antenne de BFM Business, lors d'un débat exceptionnel, mercredi, avec Jean-Philippe André, le président de l'Ania, l'Association des industriels de l'agroalimentaire.
"On peut donner quelques chiffres: entre le 21 avril 2022 et 21 avril 2023, le tournesol baisse de 48%, le blé dur de 11%, l'orge fouragère qui sert à la nourriture animale de 36% et le colza de 53%", a détaillé Dominique Schelcher.
Après une flambée des prix des matières premières et de l'énergie qui a culminé au deuxième trimestre 2022, les tarifs de gros sont en effet pour la grande majorité d'entre eux orientés à la baisse, et ce, depuis plusieurs mois. Une baisse pour l'instant peu, voire pas visible dans les rayons.
Un décalage temporel à résorber
Dans le collimateur de Bercy, les industriels se défendent en mettant en avant le décalage entre la signature des contrats d'achats de matières premières et la baisse des cours. "A chaque fois que les cours mondiaux seront en baisse, on en prendra acte", assurait ainsi Jean-Philippe André, par ailleurs président de Haribo France.
"Entre le moment où vous avez des variations du cours, il y a des taux de couvertures: si j'ai acheté mon blé il y a six mois à un indice 100 et même si cet indice aujourd'hui est à 95, vous savez très bien que je dois attendre la fin de mon taux de couverture pour revenir vous voir", a-t-il répondu à Dominique Schelcher.
Et Jean-Philippe André d'attaquer la grande distribution en retour. "Sur l'inflation alimentaire, les marques de distributeurs (MDD) ont augmenté de l'ordre de 20%, les marques nationales de 15-16%. Si c'était aussi simple, on verrait du jour au lendemain baisser les prix des MDD", a-t-il assené.
Face à l'urgence de la situation et les difficultés des Français, qui réduisent leur consommation pour préserver leur portefeuille de l'inflation, c'est donc désormais à Bercy que se jouera le prochain round entre distributeurs et industriels. Avec Bruno Le Maire en arbitre.