Pourquoi Pôle emploi va devenir France Travail le 1er janvier 2024

La baisse du chômage en France s'enraye au 3ème trimestre - PASCAL GUYOT © 2019 AFP
Faire baisser le chômage à un niveau que la France n'a pas connu depuis près d'un demi-siècle. C'est l'objectif affiché par le gouvernement. Alors que l'actuel taux de chômage de 7,2% a ramené la France au niveau de 1982, c'est la barre des 5% sous laquelle souhaite passer l'exécutif.
Un niveau qui est la norme pour les économies anglo-saxonnes depuis des années (3,7% au Royaume-Uni, 3,4% aux Etats-Unis) ainsi que pour bon nombre de pays du nord de l'Europe (3% en Allemagne, 3% aux Pays-Bas, 4% au Danemark) mais après lequel courent les pays du sud du continent depuis des décennies.
Dans ce paysage, la France est un peu dans l'entre-deux. Sa situation est meilleure que celles des autres pays bordés par la Mediterranée (8% en Italie, 13% en Espagne) mais elle reste loin du plein emploi des économies du nord plus compétitives.
Si ces six dernières années, ce sont 1,7 million d'emplois qui ont été créés dans le pays qui ont permis au chômage de tomber au niveau actuel de 7,2% de la population active, il faut encore "créer 700.000 emplois sur les quatre prochaines années, et même jusqu'à 1,3 million d'emplois pour obtenir une baisse équivalente de personnes dans l'ensemble du halo du chômage" comme expliqué dans le rapport de synthèse de la mission de préconfiguration de France Travail afin d'atteindre cet objectif des 5%.
C'est donc France Travail qui va prendre le relais de Pôle emploi dans les prochains mois permettre d'atteindre cet objectif. Dès le 1er janvier 2024, le logo France Travail va orner les agences pour l'emploi dans le pays.
Il ne s'agira pas d'un simple changement de nom ou de visuel mais d'un vrai changement de méthode et de moyens. Au même titre que Pôle emploi était né de la fusion en 2009 entre l'ANPE (la recherche d'emploi) et les Assédic (le versement des allocations chômage), France Travail pousse encore plus loin l'intégration.
Pas de fusion comme en 2009
S'il ne s'agira pas d'une méga-fusion de services comme celle de 2009, il s'agira en revanche de faire travailler ensemble les services de l'emploi (Pôle emploi, Missions locales...) et ceux en charge des prestations sociales (Départements, associations, partenaires sociaux...). L'idée étant de reconnecter la prestation sociale avec l'insertion professionnelle.
Cela commencera par l'inscription automatique des bénéficiaires du RSA à Pôle emploi, ce qui est loin d'être le cas aujourd'hui.
"Seuls 40 % des bénéficiaires du RSA sont inscrits à Pôle emploi. C'est vrai aussi des jeunes, énormément d'entre eux ne sont pas identifiés, rappelle dans Les Echos Thibaut Guilluy, le haut-commissaire à l'Emploi qui pilote la création de France Travail. Toutes ces personnes ont besoin d'être accompagnées le plus vite possible : un bénéficiaire du RSA attend 150 jours en moyenne entre la décision de versement de l'allocation et la signature de son contrat d'engagement réciproque. Et encore, quand il en signe un ! Notre objectif est de ramener le délai à un mois maximum."
Un diagnostic sera alors fait avec le demandeur d'emploi qui n'aura alors plus qu'un seul référent France Travail qui suivra son parcours tant au niveau de l'insertion que des prestations sociales. Avec un système de sanctions plus progressif et qui concernera les différents aspects du suivi.
Il signera un contrat d'engagement unique alors qu'aujourd'hui il y en a quatre qui sont proposés selon l'organisme (CER pour le RSA, PACEA pour les Missions locales, PPAE pour Pôle emploi...). Les bénéficiaires du RSA de longue durée se verront alors proposer les 15 à 20 heures d'activité évoquées par Emmanuel Macron lors de la campagne.
Pour l'entreprise aussi il n'y aura plus qu'un seul interlocuteur France travail qui orientera le recruteur vers les divers profils (des jeunes en Mission locale, des chômeurs à Pôle emploi ou des éloignés de l'emploi au RSA). Les différents dispositifs de formation préalables seront eux aussi fusionnés.
Une simplification aussi dans l'organisation. Aors qu'aujourd'hui une vingtaine de comités pilotent ces dispositifs d'insertion et de prestation, France travail sera articulé autour de quatre directions au niveau national, régional, départemental et du bassin de vie.
Une nouvelle organisation qui va requérir d'importants investissements dans les outils d'information numériques pour faire dialoguer ensemble ces différents services ainsi que dans la formation des 100.000 conseillers impliqués. Au total le budget de France Travail s'élevera à environ 2,5 milliards d'euros d'ici 2026. Des dépenses qui seraient "largement couvertes par les gains de finances publiques associés au retour à l'emploi des personnes", assure le rapport de synthèse de la mission.
