Pourquoi les Français aiment le "Made in France" mais n’en achètent pas
Acheter français c’est un peu comme nos bonnes résolutions du premier de l’an. Tout le monde y est favorable mais on va rarement au bout de la démarche.
Interrogées comme chaque année à l’occasion du salon parisien du "Made in France" qui vient d'ouvrir ses portes, 9 personnes sur 10 assurent qu’elles vont plus acheter français.
Sauf que comme pour les bonnes résolutions, la bonne volonté se heurte rapidement à la réalité. Et cette réalité c’est le passage en magasin.
D'ailleurs selon ce sondage OpinionWay, 80% des Français reconnaissent avoir dû restreindre leurs achats "Made in France" en cette année de forte inflation et d'arbitrage.
Car le prix reste le frein numéro 1 pour 70% des Français dans l'accès aux produits fabriqués sur le territoire. Quand ils sont dans un rayon de supermarché ou dans un centre commercial, les Français n'arbitrent plus en fonction de l'origine du produit (du moins pour les biens manufacturés) mais en fonction du prix.
Mais aussi de la disponibilité. Pour 43% des personnes interrogées, c'est le manque d'offre qui les empêche de consommer de manière plus patriotique.
Enfin il y a toujours des doutes sur la véritable origine des produits et la fiabilité des labels.
Recul du "Made in France"
Pendant ce temps, le "Made in France" continue de reculer dans le pays. Une tendance que l'on retrouve d’ailleurs dans toutes les grandes économies occidentales comme le rappelle l'Insee dans une étude publiée en octobre. Dans des économies plus interconnectées que jamais, on va chercher les meilleurs produits ou les moins chers partout dans le monde.
En France, le poids du "Made in France" dans la consommation totale est ainsi passé de 89% en 1965 à 78% en 2019. Un recul qui peut paraître relativement faible mais ce nombre est trompeur puisqu’il inclut les services. Or dans la construction ou les services marchand, le poids du français est logiquement très élevé à respectivement 96% et 80%.
Le problème spécifiquement français se situe dans les produits manufacturés (automobile, textile, équipement de la maison, médicaments...). Si le recul du local est observé chez la plupart de nos voisins, c'est en France que la chute est la plus forte (de 82% en 1965, à 38% aujourd'hui). A titre de comparaison, le "Made in Germany" représente 52% de la consommation de produits manufacturés en Allemagne, le "Made in Italy" 51% en Italie, le "Made in Spain" 40% en Espagne ou encore 66% pour le "Made in USA" aux Etats-Unis.
La France doit-elle pour autant ambitionner de tout fabriquer? Probalement pas. Il y a des productions qui ne reviendront peut-être jamais dans l'Hexagone parce qu’elles n’ont pas une grande valeur ajoutée ou parce qu’on ne possède plus le savoir-faire. Ainsi, seuls 5% des jouets achetés par les Français, 3% des vêtements ou encore 1% des montres sont produits sur notre territoire selon la Fédération indépendante du Made in France (Fimif).
Mais c’est dans l’automobile, les technologies de transition énergétique et plus globalement partout où il y a de la valeur ajoutée que la France doit très vite regagner des parts de marchés perdues ces 30 dernières années et sacrifiés sur l’autel de la croyance selon laquelle l'économie ne pouvait vivre que de services non-délocalisables.
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