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Orange refuse de vendre sa banque à BNP Paribas et Société Générale

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L’opérateur a mis fin aux négociations de partenariat d’Orange Bank. Les deux prétendants, son rival Boursorama et BNP Paribas, étaient trop exigeants.

Orange ne bradera pas sa banque en ligne. L’opérateur télécom a stoppé il y a quelques jours les négociations qui visaient à ouvrir le capital d’Orange Bank. Considérant que les deux projets ne correspondaient pas à ses attentes, le PDG d’Orange, Stéphane Richard, a préféré renoncer.

Et pour cause, BNP Paribas et Société Générale proposaient, selon nos informations de reprendre Orange Bank –détenue par Orange et Groupama- sans laisser beaucoup de place à Orange. Depuis le début des discussions, il y a trois mois, BNP Paribas faisait figure de favori. La banque a proposé un projet industriel très orienté sur le développement d’Orange Bank à l’international. En ligne de mire notamment, l’Afrique et les pays de l’Est notamment en Pologne, là où Orange est bien implanté.

Partage des pouvoirs

"BNP avait la même vision industrielle, reconnaît une source proche du dossier. Mais la banque voulait prendre le contrôle d’Orange Bank", au-delà du rachat des parts de Groupama (22%). "Ce qu’Orange était prêt à accepter, nuance une autre source. Mais l’opérateur voulait continuer à peser sur la stratégie de sa banque". Et BNP Paribas n’était pas prêt à partager le pouvoir.

À cela s’est ajoutée une offre de rachat très basse financièrement, conforme à la culture de la banque, qui a convaincu Orange d’abandonner. Enfin, BNP Paribas aurait aussi tenté d’élargir le partenariat à Orange Money, la pépite africaine du groupe de paiement sur mobile, ce qu’Orange a refusé.

Participations croisées avec Boursorama

De son côté, la Société Générale avait bien entamé les négociations, avec une position plus ouverte que BNP Paribas. Elle était, elle aussi, très intéressée par les implantations d’Orange en Afrique qui aurait complété son large réseau international en Europe de l’Est. Selon nos informations, Société Générale a même proposé des participations minoritaires croisées entre Boursorama et Orange Bank pour justifier de ne pas en prendre le contrôle.

Mais au bout du compte, ses ambitions étaient elles aussi très solitaires. "Leur projet était que Boursorama absorbe purement et simplement Orange Bank en France, explique un protagoniste du dossier. Comme il y a quatre ans". Lors du lancement de sa banque en 2017, Orange avait aussi discuté avec la Société Générale. Cette fois encore, son offre était très financière et centrée sur la France. La fusion des deux banques en ligne était le moyen d’écraser les coûts d’Orange Bank pour la rentabiliser.

Menace sur l'emploi

La présence d’Orange Bank en Espagne n’intéressait pas Boursorama qui souhaitait consolider le marché français et avaler son rival. Là aussi, l’opérateur télécom a refusé de lâcher sa banque, d’autant qu’un rapprochement avec Boursorama aurait conduit à d’importantes conséquences sociales et à la suppression de 250 postes sur les 800 d’Orange Bank.

L’abandon de l’ouverture du capital intervient à un moment clé pour Orange et son PDG. Stéphane Richard a lancé son projet en 2017 et Orange Bank est son "bébé". Il est dans l’attente du verdict de son procès dans le cadre de l’affaire "Tapie" qui sera prononcé le 6 octobre prochain. Ensuite, s’il est maintenu à son poste, il devrait militer pour être reconduit à la tête d’Orange, comme président non-exécutif.

D’ici là, il va devoir continuer à pousser les feux sur Orange Bank. Selon nos informations, des discussions seront engagées à la rentrée avec Groupama, toujours désireux de sortir du capital de leur banque commune. Orange serait prêt à racheter les 22% de l’assureur. Le PDG mise sur la trajectoire commerciale qui s’améliore avec l’essentiel des nouveaux clients qui souscrivent des offres payantes, comme l’indiquait son patron Paul de Leusse hier dans Le Figaro. En 2021, Orange Bank devrait réduire ses pertes d’environ 50 millions d’euros et entamer un nouveau plan de transformation.

Matthieu Pechberty Journaliste BFM Business