BFM Business
Economie

Négociations commerciales: Denormandie accuse "certains acteurs" de ne pas respecter "l'esprit et la lettre de la loi"

placeholder video
Le ministre de l'Agriculture accuse la grande distribution de ne pas jouer franc jeu lors des négociations des prix imposés par la loi Egalim. Il menace de multiplier les contrôles de la DGCCRF.

Julien Denormandie tape du poing sur la table. Vendredi 12 février, sur BFM Business, le ministre de l'Agriculture et de l'Alimentation a clairement accusé "certains acteurs" de la grande distribution de ne pas jouer franc-jeu lors des négociations des prix en suivant les règles imposées par la loi alimentaire Egalim.

Ce texte vise à imposer la transparence des prix entre la grande distribution, les industriels de l'agroalimentaire et les agriculteurs. Les discussions doivent aboutir le 1er mars 2021.

"Certains acteurs ne respectent pas soit la lettre, ce qui est grave, soit l'esprit de la loi Egalim qui prévoit de donner de la transparence sur les prix", affirme Julien Denormandie en ne citant nommément personne.

Le ministre admet que des négociations commerciales sont "un rapport de force, c'est bien normal". Mais dans celui-là, l'Etat intervient par des contrôles et "on ne laisse rien passer (...) faire ces contrôles avec la répression des fraudes est essentiel".

"Ce que n'aiment pas les distributeurs, c'est la DGCCRF. Ce n'est pas une menace, c'est un respect de la loi, bon Dieu!", s'est énervé Julien Denormandie.

"Certaines règles ont été dictées par loi comme la construction du prix", rappelle Julien Denormandie estimant que les "consommateurs veulent cette information et avoir des produits de qualité. Il faut passer de la guerre des prix à une transparence des marges".

"On ne veut pas se friter avec les industriels"

Durant la semaine, représentants des agriculteurs et de la grande distribution ont élevé la voix contre cette loi.

Le ministre demande "des baisses de 2 à 3% et dit aux distributeurs que s'ils doivent payer plus cher, c'est leur affaire. Il prend en étau les industriels. 30% des agriculteurs ont eu des prix négatifs l'an dernier et avec cette loi ça va continuer", a réagi Christiane Lambert, présidente de la FNSEA, sur BFM Business.

Sur BFMTV, Michel Edouard Leclerc a aussi taclé la loi.

"Si les prix ne sont pas assez rémunérateurs, que l'Etat qu'il appelle le médiateur et décrète des prix minimum. Nous, les distributeurs, on ne veut pas se friter avec les industriels", propose le patron des centres E.Leclerc.

Réponse du ministre:

"C'est un discours qui consiste à botter en touche. Il sait très bien que l'instauration de prix minimum est juridiquement pas possible, qui plus est on est dans un marché commun. Quant au médiateur, il y en a trois, il le sait très bien".

Julien Denormandie réplique en disant que "plutôt que de demander l'impossible, faisons cette transparence".

Enfin, le ministre a aussi évoqué les chèques alimentation permettant aux ménages les plus modestes d'acheter des produits agricoles.

"C'est une proposition destinée à résoudre une inégalité alimentaire qui touche principalement les jeunes". Cette disposition représente un budget de 4 milliards d'euros. 'Il faut définir les personnes visées et les produits qu'elles pourront acheter. Le Président a validé l'idée, le gouvernement doit désormais finaliser les travaux pour créer le dispositif à mettre en place".

Pascal Samama
https://twitter.com/PascalSamama Pascal Samama Journaliste BFM Éco