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Mieux payé mais plus court: ce que va changer le "congé de naissance" que le gouvernement veut relancer

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Mis en sommeil à cause de l'instabilité politique, le "congé de naissance" est relancé par la ministre Aurore Bergé et pourrait remplacer en 2026 l'actuel congé parental.

Le réarmement démographique se fait attendre. Annoncée en janvier 2024 par Emmanuel Macron, la grande politique nataliste est au point mort depuis plus d'un an. L'an passé, la natalité a de nouveau baissé et l'indice de fécondité est au plus bas avec 1,62 enfant par femme en âge de procréer.

Mais après des mois d'instabilité politique, le gouvernement est prêt à relancer son projet de "congé de naissance". C'est ce qu'a annoncé ce lundi Aurore Bergé, la ministre chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes.

Ce projet qui devait initialement entrer en vigueur en août 2025 n'est pas enterré. Si le calendrier initial ne pourra pas être tenu, le dispositif pourrait voir le jour en 2026.

"Je souhaite évidemment qu'on avance. (...) Nous allons continuer à travailler de manière, j'espère, à ce qu'il soit effectif l'année prochaine", a indiqué à l'AFP Aurore Bergé.

Concrètement de quoi s'agit-il? Tout simplement de remplacer l'actuel congé parental par un système qui serait plus court mais bien mieux rémunéré.

Il s'agirait d'un congé de "quatre mois par parent", à prendre après le congé maternité ou paternité si souhaité, qui bénéficierait d'une "bien meilleure indemnisation" que le congé parental actuel, qui permet de toucher jusqu'à 427 euros mensuels.

Quand le premier peut durer un an, renouvelable deux fois, le second lui serait trois fois plus court mais permettrait de perdre beaucoup moins de salaire.

Jusqu'à 1.800 euros par mois

Selon des précisions données par l'Élysée l'année dernière, le congé de naissance sera donc rémunéré en pourcentage (pas encore fixé) de l'ancien salaire, sans pouvoir dépasser un plafond mensuel de 1.800 euros. L'employeur pourra alors éventuellement compléter la différence pour atteindre 100%.

"L’idée, indiquait l'Élysée, est de sortir de la logique d’une prestation sociale avec un montant forfaitaire, indépendamment des revenus, pour aller vers un système d’indemnité journalière."

Ce nouveau congé permettrait "d'éviter que la parentalité ne pèse que sur les femmes", qui sont bien plus nombreuses que les hommes à prendre un congé parental, a souligné la ministre.

En effet aujourd'hui, 14% des femmes prennent le congé parental contre seulement 1% des pères.

"On doit avoir un congé qui ne doit pas être une rupture dans la vie professionnelle, qui doit pouvoir être pris à égalité entre père et mère et pour ça il faut qu’il y ait une indemnisation qui soit suffisante", indique Aurore Bergé.

"Ça a été un frein"

De nombreux parents ont ainsi renoncé à bénéficier du congé parentel pour des raisons financières. Comme Cyril, père d'une petite fille interrogé par BFMTV.

"Ça a été un frein que ça soit si peu rémunéré, 400 euros c'est pas assez pour pouvoir le prendre", inidque le jeune père de famille.

Le projet doit faire l'objet de discussions avec les partenaires sociaux, avant de pouvoir éventuellement être intégré au prochain Projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS).

Les attentes se portent aussi sur le projet de service public de la petite enfance afin de faciliter les modes de garde.

"Aujourd'hui le premier mode de garde ce sont les assistantes maternelles (environ 60%) contre un tiers seulement pour les crèches, indique Julien Damon, professeur à Sciences Po et spécialiste des questions de natalité. Il faut soutenir ces dernières, car il y a une crise de vocation. Aujourd'hui on a des places en crèche fermées, car on manque de personnel."
Frédéric Bianchi
https://twitter.com/FredericBianchi Frédéric Bianchi Journaliste BFM Éco