Malgré la pandémie, les demandes de brevets ont augmenté, la Chine creuse l'écart

LÎle-de-France est la région qui a déposé le plus de brevets en Europe en 2015. - Université Polytechnique de Paris-Saclay - Flickr - CC
La pandémie mondiale et la crise économique qui s'en est suivie n'ont pas bridé la recherche et le développement dans les grandes entreprises de la planète. Au contraire, l'an passé, les demandes mondiales de brevets déposées par l’intermédiaire de l’Ompi (Organisation mondiale de la propriété intellectuelle, une émanation de l'ONU) ont augmenté de 4% pour atteindre les 275.900, le chiffre le plus haut jamais enregistré par l'organisme.
"L'innovation reste solide", a déclaré le directeur général de l'Ompi, Daren Tamg, en conférence de presse. Il est toutefois encore trop tôt, selon les experts de l'Ompi, pour analyser les conséquences de la pandémie, car le délai entre le dépôt d'un brevet auprès d'un office national et son arrivée devant l'agence est en général de douze mois.
"La plupart des brevets déposés en 2020 dans le cadre du système du PCT (Traité de coopération en matière de brevets, ndlr) concernent des innovations qui ont eu lieu plus tôt, avant le début de la pandémie", a expliqué aux médias l'économiste en chef de l'Ompi, Carsten Fink. "Néanmoins, le fait qu'il n'y ait pas eu de forte réduction du nombre de brevets internationaux suggère que les entreprises ont continué à investir dans la commercialisation de leurs technologies pendant la pandémie", a-t-il ajouté.
Prédominance de l'Asie
Le moteur principal de cette croissance se trouve en Chine. Le pays qui avait pris la première place mondiale en 2019 confirme et creuse même l'écart avec les Etats-Unis longtemps leader en la matière.
L'empire du Milieu revendique ainsi 68.720 demandes (+16% en un an) contre 59.230 demandes pour les Etats-Unis (+3%). L'écart séparant les deux puissances mondiales était d'environ 1.000 demandes internationales de brevet en 2019, il s'élève désormais à environ 10.000.
Le Japon prend la troisième place du podium avec 50.520 demandes (-4%) suivi de la Corée du Sud (20.060 demandes, +5%) et l'Allemagne qui demeure le premier pays européen en matière de dépôts de brevets avec 18.643 demandes, en repli de 3,7% sur un an.
La France arrive juste après nos voisins mais avec un volume bien inférieur (7904 demandes, stable par rapport à 2019) mais se classe devant le Royaume-Uni (5912 demandes).
Globalement, l'Asie compte pour 53,7% de l'ensemble de l'activité de dépôt, contre 35,7% il y a 10 ans.
En termes de croissance, l'Arabie saoudite prend la médaille d'or (956 demandes, +73%), devant la Malaisie (255 demandes, +26%), et le Chili (262 demandes, +17%).
Huawei, leader des demandes de brevets
Pour la quatrième année consécutive, le chinois Huawei Technologies prend la tête dans ce domaine avec 5.464 demandes internationales de brevet, devant Samsung Electronics en Corée, Mitsubishi Electric au Japon, LG Electronics en Corée et Qualcomm Inc. aux Etats-Unis.
Parmi les 10 principaux déposants, LG Electronics a fait état de la croissance la plus rapide (+67,6%) du nombre de demandes publiées en 2020 et, de ce fait, s'est hissé de la dixième position en 2019 à la quatrième en 2020.
La première entreprise européenne est le suédois BOE Technology (7e) devant l'allemand Bosh (13e) et son compatriote Siemens (18e). Aucune entreprise française ne figure dans les 50 premières places des entreprises déposantes...
Au global, ce sont les technologies informatiques qui sont les plus représentées par ces demandes (9,2% du total) suivies par les communications numériques (8,3%), les technologies médicales (6,6%) et les machines électriques (6,6%).
Les demandes de protection de marques baissent
Si les demandes de brevets ont progressé l'an passé, l'Ompi observe un recul de 0,6% (63.800) des demandes dépôts de marques qui "correspondent généralement à l’introduction de nouveaux produits et services, deux phénomènes freinés par la pandémie mondiale". C'est la première fois que ces demandes baissent depuis la crise financière de 2008/2009.
Dans ce domaine, c'est le suisse Novartis qui prend la tête devant Huawei et le japonais Shiseido. L'Oréal est l'entreprise française la mieu classée (5e) devant Guerlain (36e) et Djeco (jouets) 46e.
La tendance à la baisse est plus forte du côté des demandes de protection des dessins et modèles industriels (-15%, une première depuis 2006). Dans ce domaine, c'est Samsung qui tient la corde devant Procter & Gamble et Fonkel (Pays-Bas). Le premier français est PSA à la 14e place.