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Malgré la crise, le gouverneur de la Banque de France veut conserver les critères de Maastricht

Le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau.

Le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau. - Fabrice Coffrini / AFP

Face à la crise sanitaire, et l'explosion des déficits publics, certains appellent à abandonner les objectifs de réduction de déficit et de dette publics du traité européen. Une mauvaise idée, assure François Villeroy de Galhau.

Le gouvernement de la Banque de France a défendu dans un discours prononcé jeudi le maintien des objectifs de réduction de déficit et de dette publics du traité européen, tout en plaidant pour une modulation par pays du rythme de réduction de la dette. "Contrairement à certaines propositions récentes, nous ne devrions pas, à mon sens, abandonner les objectifs numériques qui sont inscrits dans le traité : ce sont des ancrages utiles", a déclaré François Villeroy de Galhau lors d'un séminaire du groupe de réflexion Eurofi.

Il fait référence à une récente note du Conseil d'analyse économique (CAE) de trois économistes français qui préconise l'abandon de ces objectifs pour les remplacer par des cibles de dette différenciées selon les pays, alors que les écarts d'endettement public entre membres de la zone euro se sont creusés dans l'Union européenne avec la crise du Covid-19.

Selon le gouverneur de la Banque de France, "nous pouvons conserver la cible de 60% pour la dette à long terme", mais la règlementation européenne selon laquelle les pays qui dépassent cette limite doivent faire chaque année un vingtième (soit 5%) de l'effort à accomplir pour y parvenir "est trop exigeante et devrait être adaptée pour chaque pays". Selon cette règle, l'Italie, dont la dette publique frôlera cette année les 160% du produit intérieur brut (PIB), devrait chaque année la réduire de 5 points de pourcentage.

Mieux piloter les dépenses publiques

Le ministre français de l'Economie Bruno Le Maire a pour sa part prôné l'abandon de cette cible uniforme de dette publique en raison des trop grands écarts entre pays de la zone euro, tout en défendant la limite des 3% de déficit public, comme François Villeroy de Galhau. L'un comme l'autre la considèrent comme le seuil au-dessus duquel le déficit annuel la dette. L'objectif de 3 % "correspond plus ou moins – dans le cas de la France – au seuil qui stabiliserait le ratio de dette publique à son niveau d'avant Covid", a expliqué le gouverneur de la Banque de France.

Ce dernier propose par ailleurs que les règles budgétaires européennes incluent le paiement des intérêts de la dette dans les dépenses publiques nettes, alors que le Comité budgétaire européen, qui évalue les budgets des Etats, les exclut. Une telle règle permettrait de mieux piloter les dépenses publiques en fonction de l'évolution des taux d'intérêt, explique François Villeroy de Galhau.

J. Br. avec AFP