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Les voitures chinoises à l'assaut de l'Europe? "On ne comprend pas leurs prix", dénonce le Commissaire européen à la Concurrence

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Alors que la Commission européenne commence à fournir des preuves de subventions masquées de l'Etat chinois à son secteur automobile, le Commissaire européen Didier Reynders assure sur BFM Business que les prix pratiqués en Europe sont douteux.

Elles s'appellent BYD, XPeng, Geely ou encore Dongfeng et rêvent d'inonder le marché européen. Si ces marques automobiles chinoises restent encore méconnues du grand public européen, elles séduisent de plus en plus d'acheteurs depuis deux ans avec leurs prix compétitifs et des progrès sur la qualité.

Selon le spécialiste des marchés automobiles Jato Dynamics, leur part de marché a atteint 2,5% sur les six premiers mois de l'année 2023 contre 2% en 2022 et à peine 0,5% en 2021. Si le marché automobile européen est loin d'être envahi par les modèles chinois, les autorités européennes qui soupçonnent une concurrence déloyale préfèrent prendre les devants.

"On arrive à des prix dont on ne comprend pas très bien comment ils peuvent être composés", reconnaît sur BFM Business le Commissaire européen à la Justice et à la concurrence Didier Reynders*.

Preuves de ces subventions

"En fonction de l'évolution des salaires et de l'évolution des prix des matières premières qui sont utilisées aussi en Chine, il y a beaucoup d'investisseurs européens en Chine donc on a quand même une assez bonne idée du marché, précise-t-il. Y compris dans le secteur automobile. Il y a de grands groupes automobiles qui sont présents en Chine donc on peut comparer les situations."

La Commission européenne a ouvert cette semaine son enquête sur les subventions chinoises aux voitures électriques. Dans un arrêt publié au Journal officiel, la commission affirme déjà détenir des preuves de ces subventions.

Bruxelles assure ainsi avoir réuni un ensemble d'indices qui montrent par exemple que l'Etat chinois octroie via ses banques publiques des crédits à des taux préférentiels à ses constructeurs. Ces derniers bénéficieraient par ailleurs d'avantages fiscaux avec des exonérations partielles ou totales d'impôts, des remises de taxes à l'importation, à l'exportation et des abattements sur la TVA.

Dernier point mis en avant par la Commission européenne, l'Etat chinois fournirait les constructeurs avec des matières premières et des composants bon marché afin de diminuer les coûts de production. Tout cela constitue, selon la Commission, une "variété de subventions" de la production à la vente qui permet d'assurer un soutien continu au secteur automobile chinois.

Treize mois d'enquête

L'enquête de Bruxelles va durer treize mois au total, mais des mesures provisoires peuvent être prises dans les neuf mois si le danger est jugé réel pour l'économie européenne. La principale mesure dont dispose la commission est l'augmentation des droits de douane qui sont aujourd'hui fixés à 10% mais qui pourraient grimper jusqu'à 20 ou 30% selon Thierry Breton, le Commissaire européen chargé du marché intérieur.

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27:06

* L'intégralité de cette interview sera diffusée en intégralité ce jeudi 5 octobre à 18h10.

Frédéric Bianchi
https://twitter.com/FredericBianchi Frédéric Bianchi Journaliste BFM Éco