Les startups n'ont pas manqué de financement au premier semestre, portées par les grosses opérations

La "French Tech" va bien, merci pour elle. Alors que l'exécutif en a fait une priorité, allant jusqu'à cibler 100 licornes à l'échéance 2030, les financements ont été généreux au premier semestre 2022. Selon un nouveau baromètre publié par le cabinet EY, ils ont atteint 8,4 milliards d'euros sur les six premiers mois de l'année, soit une hausse de 63% sur un an.
Un chiffre porté par les très grosses levées de fonds d'une poignée d'acteurs - la fintech Qonto (486 millions d'euros), le spécialiste RSE Ecovadis (478 millions) ou encore le chantre du reconditionné, Back Market (450 millions) - comme le confirme Franck Sebag, d'EY, sur le plateau de Good Morning Business.
Le dynamisme nous a surpris, nous pensions avoir un 2e trimestre en recul. Il tient à la bonne tenue du growth equity, les opérations à plus de 100 millions. Il y en a eu plus de 20. Cela constitue un doublement par rapport à l’année dernière, et cela vient tirer toute la croissance de l’investissement dans la French Tech.
"Primo-accédants" pénalisés
Les 20 opérations supérieures à 100 millions représentent ainsi 4,48 milliard d'euros, soit plus de moitié des montants levés. En parallèle, de façon moins positive, le nombre d'opérations a été en baisse, notamment pour les plus petites structures, passant de 416 à 362 entre les premiers semestres 2021 et 2022.
Elles sont en chute libre en particulier sur les levées intermédiaires, allant de 50 à 100 millions d'euros: le signe d'un ralentissement macroéconomique mais aussi du scaling en cours pour une partie des acteurs de la tech - 6 nouvelles licornes ont été créées sur la période, portant le total à 27.
Les plus petits sont aussi touchés par le resserrement financier.
Les primo-accédants au capital-risque, qui lèvent entre 0 et 10 millions, ont eu un peu plus de mal, notamment au deuxième trimestre", confirme Franck Sebag.
Le Royaume-Uni en ligne de mire
Au-delà des considérations conjoncturelles, le baromètre souligne l'écrasante domination de la région Ile-de-France, qui concentre plus de 6,7 milliards d'euros. Derrière, les Hauts-de-France s'adjugent la deuxième place (392 millions d'euros) avec la levée importante d'Exotec, spécialiste de la robotique.
Thématiquement, les logiciels et services informatiques sont le premier catalyseur de capitaux, dépassant les 2 milliards, tout comme les fintech. Les deux dépassent les services internet à la faveur de fortes hausses sur un an (+572% et +186%).
Ces deux explosions permettent à la France de ravir la première place en Europe continentale à l'Allemagne, qui recule à 6,3 milliards d'euros de levées.
L’Allemagne fait face à une volatilité économique importante, et avait réussi l’année dernière des performances atypiques avec des levées au-delà d’1 milliard dans la biotech et la fintech", note Franck Sebag.
Reste désormais à détoner le Royaume-Uni, place fertile notamment dans la finance, et encore très loin devant: Londres a enregistré 18,4 milliards d'euros de capitaux investis et plus de 860 opérations. S'il n'y a pas d'effet Brexit marqué, le taux de croissance des levées est structurellement plus faible outre-Manche, laissant espérer un rattrapage tricolore dans les années à venir.