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Les perspectives sont mauvaises et les Bourses battent des records: la BRI pointent des investisseurs "déconnectés" et le risque d'une nouvelle "bulle internet"

Le panneau de la station de métro de Wall Street est visible le 7 avril 2025 à New York.

Le panneau de la station de métro de Wall Street est visible le 7 avril 2025 à New York. - Michael M. Santiago

La Banque des règlements internationaux (BRI), considérée comme la banque centrale des banques centrales, a pointé le rebond des marchés boursiers en pleine période d'incertitude liée aux droits de douane.

Les marchés boursiers ont nettement rebondi au cours des derniers mois, en particulier aux États-Unis, au point de sembler "déconnectés" des incertitudes économiques, a averti lundi la Banque des règlements internationaux (BRI).

Si le rebond des marchés boursiers a été plus modeste en Europe, le marché américain a rapidement rattrapé ses pertes depuis le choc des droits de douane de début avril, constate cette institution considérée comme la banque centrale des banques centrales.

La hausse des marchés boursiers a été portée par les valeurs technologiques et l'enthousiasme pour l'intelligence artificielle et les valorisations se sont tendues, au point d'approcher de niveaux "pas loin" de ceux atteints "au pic" de la bulle Internet du début des années 2000, écrit-elle dans son rapport trimestriel.

Les perspectives d'assouplissement des politiques monétaires et les largesses budgétaires aux États-Unis et en Allemagne ont également alimenté l'optimisme des investisseurs.

Des "arbitrages difficiles" pour les banques centrales

Pourtant cet appétit pour les placements risqués apparaît en contradiction avec les inquiétudes macroéconomiques et les craintes de résurgence de l'inflation, prévient-elle.

Les investisseurs semblent "moins attentifs" aux tensions commerciales, souligne la BRI, qui note une "déconnexion apparente entre les incertitudes persistantes et l'optimisme des marchés".

Dans son rapport trimestriel, l'institution basée à Bâle a publié une étude qui prévient que certaines banques centrales risquent pourtant de se trouver confrontées à des choix "complexes" face aux droits de douane.

Certaines ne pourront pas "stabiliser simultanément" l'inflation et la croissance, d'après cette étude, ce qui signifie qu'elles devront procéder à des "arbitrages difficiles".

Un impact notable des droits de douane

Les droits de douane font "en principe" l'effet d'un choc sur l'offre pour le pays qui les impose, avec comme répercussions d'y faire grimper les prix. De l'autre côté, pour les pays qui se les voient imposer, ils font au contraire l'effet d'un "choc sur la demande", qui tend à réduire l'activité économique mais aussi à y faire baisser l'inflation, expliquent les auteurs de l'étude.

Mais d'autres paramètres entrent en jeu, comme par exemple les répercussions sur les chaînes d'approvisionnement, le poids des relations économiques avec les Etats-Unis ou les disparités sectorielles.

En "pratique", les répercussions des droits de douane sont donc complexes à évaluer, selon les auteurs de l'étude, qui notent cependant que les droits de douane devraient avoir un impact notable sur les Etats-Unis et ses principaux partenaires commerciaux que sont le Canada et le Mexique.

MC avec AFP