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Les mesures contre l'inflation doivent rester "temporaires et ciblées", alerte la Banque de France

Le gouverneur de la Banque de France François Villeroy de Galhau, lors d'une conférence de presse à Paris, le 12 mars 2019

Le gouverneur de la Banque de France François Villeroy de Galhau, lors d'une conférence de presse à Paris, le 12 mars 2019 - ERIC PIERMONT © 2019 AFP

Les aides déployées par le gouvernement pour lutter contre l'inflation doivent rester "temporaires et ciblées" dans un contexte d'endettement déjà élevé, a prévenu ce jeudi le gouverneur de la Banque de France.

Les mesures gouvernementales pour lutter contre l'inflation ont un "coût budgétaire significatif", affirme le gouverneur de la Banque de France François, Villeroy de Galhau. Des dépenses qui "devraient autant que possible demeurer temporaires et ciblées", ajoute-t-il dans sa traditionnelle "lettre au président", transmise comme chaque année aux présidents de la République, de l'Assemblée nationale et du Sénat, intitulée cette année "Comment réduire l'inflation ?".

6,5% d'inflation en juin

D'abord d'origine externe -la hausse des prix de l'énergie et des matières premières-, l'inflation, qui a atteint 6,5% en juin en France sur la base de l'indice IPCH utilisé pour comparer les pays européens, est désormais "interne", puisque l'inflation hors énergie et alimentation atteint aussi 3,3% en France (3,7% en zone euro), note François Villeroy de Galhau dans sa lettre.

Cette situation a conduit la BCE à entamer la "normalisation" de sa politique monétaire, avec des hausses de taux d'intérêt prévues dans les prochains mois pour ramener l'inflation autour de 2% en 2024, rappelle le gouverneur. "En l'absence de nouveau choc énergétique, la phase de normalisation ne provoquera pas une récession, les taux réels - déduction faite de l'inflation attendue - restant très favorables", veut rassurer le gouverneur.

"Du côté de la dette publique néanmoins, l'illusion de dépenses sans coût et sans limites est terminée", ajoute-t-il, estimant que la France "doit retrouver la maîtrise de son endettement public", alors que la dette publique atteignait 112,5% fin 2021.

Pas de nouveau "quoi qu'il en coûte" nécessaire

Le choc économique issu de la guerre en Ukraine "ne justifie nullement un nouveau 'quoi qu'il en coûte'", face à la "diminution limitée" des marges des entreprises et au "ralentissement pour un temps" du pouvoir d'achat des ménages, insiste le gouverneur, qui souligne la nécessité de veiller au sort des ménages les plus défavorisés.

Afin de soutenir la croissance et réduire l'inflation, il prône des mesures pour "muscler notre capacité productive", plutôt que des politiques de soutien de la demande.

Outre la transition écologique et numérique, le "défi" particulier de la France est aussi d'augmenter "l'offre de travail", relève-t-il, via l'accélération de l'apprentissage et en ayant "davantage de seniors au travail" avec "une réforme des retraites juste, et un réel engagement des employeurs".

J.B. avec AFP